L’Etat-major des armées n’a pas aimé le documentaire « C’est pas le pied la guerre? »

En septembre dernier, dans le cadre de son émission « Infrarouge », France2 a diffusé un documentaire qui, intitulé « C’est pas le pied la guerre? » [que l’on peut regarder sur Youtube], a été conçu à partir d’images filmées par Maxime et Tony, deux militaires français déployés en Afghanistan en 2008 et actuellement civils.

A dire vrai, et bien que la communication autour de cette diffusion a été survendue (« une mine contre le politiquement correct », rien que ça), ces images n’ont rien appris de plus à celles et ceux qui suivent de près les opérations en Afghanistan. En revanche, il aura eu le mérite de montrer une réalité à un grand public qui n’a pas toujours conscience de la réalité de l’engagement des militaires français dans les vallées de la Kapisa et de Surobi. Encore que, montrer des blessés en train de se faire soigner, même si on ne peut pas les identifier, n’apporte vraiment pas grand chose.

Cela étant, des images d’accrochages entre les troupes françaises et les insurgés afghans ont déjà été diffusées bien avant ce documentaire (notamment un reportage de TF1 avec les marsouins du 8ème RPIMa, filmé avec l’autorisation de l’Etat-major des armées) et il suffit de faire un tour sur des sites comme Youtube pour voir les vidéos tournées par les soldats américains. Idem pour les images de VAB soufflés par des engins explosifs improvisés, qui seraient « interdites » de diffusion selon la voix off du documentaire. Certaines ont été publiées par la presse spécialisée, voire même montrées à l’occasion d’un reportage de France 5 (diffusé en octobre 2008, de mémoire).

Quoi qu’il en soit, le documentaire en question n’a pas été apprécié par l’Etat-major des armées (EMA) et son porte-parole, le colonel Thierry Burckhard, s’en est expliqué deux semaines après sa diffusion à l’antenne de la chaîne publique.

« Il y a des directives qui encadrent l’exploitation et le recueil d’images à titre personnel » a-t-il déclaré. « Je n’ai pas l’impression qu’ils aient filmé des choses confidentielles. Mais c’est le procédé qui n’est pas acceptable » a-t-il ajouté au sujet des deux soldats qui ont rapporté les images. En conséquence, d’après le colonel Burkhard, les « consignes » ont été « rappelées ».

« Que les gens prennent des ‘photos souvenir’, ça s’est toujours fait, c’est quelque chose de tout à fait normal. En revanche, qu’on puisse en arriver à ce que des gens filment en permanence la mission qu’ils effectuent, je me demande si à un moment, ils sont capables d’accomplir cette mission », a-t-il également affirmé. « En ce qui concerne le recueil d’images, il y a des moyens spécialisés qui sont mis en place et qui sont contrôlés, à vocation d’exploitation, de retour d’expérience » a poursuivi l’officier.

« Il n’y a pas d’interdiction à ce que les gens prennent des photos et recueillent à titre personnel. En revanche, que des gens vivent en permanence avec des caméras sur la tête (fixées à leur casque), ça c’est quelque chose qui n’est pas acceptable. (…) ils ne sont pas là-bas pour ça mais pour exécuter et remplir leur mission », a-t-il encore insisté.

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