Une nouvelle affaire d’espionnage chinois en France

En matière d’espionnage industriel, il convient d’être prudent après ce qu’il s’est passé chez le constructeur automobile Renault, au début de cette année. On sait, depuis, ce qu’il en était : les cadres de l’entreprise licenciés pour avoir été soupçonnés d’avoir communiqué des informations sur un modèle de voiture électrique ont été finalement blanchis et le président du groupe, Carlos Gohn, a fait son mea culpa au journal télévisé de 20 heures pour une affaire qui n’a été qu’une escroquerie au renseignement.

Cela étant, il n’en reste pas moins que l’espionnage économique est une réalité. En avril dernier, les réseaux informatiques de Turbomeca, une filiale du groupe Safran spécialisée dans les turbines à gaz pour hélicoptères, ont été « pillés méticuleusement » d’après le quotidien Le Monde.

A l’époque, la piste chinoise a été avancée. Comme elle est dans la plupart des intrusions à des fins de renseignement dans les systèmes informatiques des sociétés dites sensibles, que ce soit en Europe, au Japon (la division Défense de Mitsubishi vient d’en faire les frais) ou encore outre-Atlantique. D’ailleurs, le directeur du FBI, Robert Mueller, l’a encore récemment répété, en rappelant que depuis 2006, plusieurs douzaines de cas ont été recensés aux Etats-Unis.

Et une autre affaire vient d’éclater, cette fois en Lorraine, selon le quotidien l’Est Républicain. Dans la cas révélé par le journal, il n’est pas question de piratage informatique mais d’un espionnage à l’ancienne.

En effet, en septembre dernier, deux stagiaires chinois ont été surpris en train de photographier un prototype de moteur développé par la société Converteam, récemment rachetée par General Electric (GE) pour 2,7 milliards d’euros.

Cette ancienne filiale d’Alstom, installée à Champigneules, près de Nancy, est spécialisée dans la construction de moteurs électriques. Elle travaille notamment pour la Marine nationale (avec les BPC), la Royal Navy et l’US Navy. Les deux hommes qui ont été placés en garde à vue par les gendarmes de Frouard, sont originaires de la province de Shandong, où ils travaillent pour une société liée à Converteam. Ils étaient venus en Lorraine pour stage « d’exploration » et de mise à niveau.

D’après l’Est Républicain, des clichés concernant un prototype secret d’un moteur à grande vitesse ont été retrouvés sur le disque dur d’un ordinateur appartenant à l’un des deux espions présumés, lequel « explique ne pas savoir comment elles se sont retrouvées là ».

Quoi qu’il en soit, l’enquête a été confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 28 septembre derniers. Les deux stagiaires chinois ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdication de quitter le territoire français.

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