Quand François Hollande voulait réfléchir à la fusion des forces armées françaises et allemandes

Les questions liées à la défense n’ont été que très peu abordées par les six prétendants à l’investiture du Parti socialiste pour l’élection présidentielle 2012, qui sollicitent les suffrages des sympathisants de gauche le 9 octobre. Voire même pas du tout, alors que le président de la République est le chef des armées…

Rapports avec l’Otan, défense européenne, accord franco-britannique, politique industrielle en matière d’armement, RGPP, budget, Livre blanc, dissuasion nucléaire, équipements, opérations extérieures (seule celle concernant l’Afghanistan a été ponctuellement abordée, pour réclamer un retrait plus rapide des forces françaises), bouclier antimissile, nouvelles menaces, prise en charge des militaires blessés, pensions, etc…, ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent, et le PS peut compter sur un certain nombre d’experts, comme par exemple le député Jean-Claude Viollet ou encore ceux de l’Observatoire de la Défense de la Fondation Jean Jaurès.

La visite des sites de campagne des candidats de la « primaire » du PS n’éclaire pas non plus ceux qui auraient été intéressés par les propositions éventuelles faites en la matière.

Si Martine Aubry a un conseiller « Défense » au sein de son équipe, en la personne de Louis Gautier, les affaires de défense ont été visiblement oubliées dans la liste de ses « convictions« . Cela étant, les seuls militaires qui sont cités sont les gendarmes, avec une proposition consistant à porter leurs effectifs à 100.000 hommes et femmes.

Pour Ségolène Royal, il est question d’encadrement militaire éducatif. Cela dit, elle est la seule à proposer un moratoire sur la fermeture des régiments, seule référence à la réforme des armées initiées depuis 2008 par le gouvernement actuel.

Le sujet de l’encadrement militaire a également été abordé par Manuel Valls, mais pour dire qu’il ne s’agit pas forcément d’une bonne idée. Chez Arnaud Montebourg et Jean-Michel Baylet, l’on parle beaucoup d’Europe, d’économie, d’écologie, de VIe République, mais pas de défense.

Quant à François Hollande, les affaires militaires ne font pas partie de ses 6 priorités mises en avant sur son site de campagne. Cela étant, le député de Corrèze a publié un fascicule intitulé « Parlons de la France avec François Hollande » [.pdf].

« Les questions de politique étrangère ne sont pas celles qui intéressent le plus nos concitoyens et encore moins à l’occasion d’une compétition présidentielle. Des préoccupations plus concrètes et plus immédiates (emploi, protection sociale, avenir des jeunes) sont premières dans le débat public. Cependant, nous aurions tort de ne pas nous exprimer fortement sur ces enjeux fondamentaux à la fois pour notre sécurité et pour les valeurs que nous portons. Il ne s’agit pas seulement d’être crédibles. Il s’agit de redonner confiance dans notre pays et de notre pays en lui-même » peut-on lire dans ce document.

« Nous connaissons nos contraintes budgétaires. Elles sont beaucoup plus lourdes que celles qui valaient lors de l’élaboration du Livre blanc ; une nouvelle programmation devra être élaborée. Il faudra faire des choix : redéployer des ressources, mener d’avantage de programmes en coopération tout en préservant la crédibilité de nos forces et de nos engagements » indique le document. Par ailleurs, il n’est pas question, de remettre en cause la dissuasion nucléaire, ce qui risque d’ailleurs de faire coincer les écologistes…

Prenant pour un fait acquis l’opposition britannique à la défense européenne, ce fascicule contient une proposition pour le moins suprenante, si ce n’est audacieuse en matière de coopération militaire avec l’Allemagne. « Certains outre-Rhin évoquent une fusion des deux armées conventionnelles, française et allemande. Nous devons y réfléchir, du moins pour les forces terrestres. Une telle initiative constituerait un moyen de relancer l’Europe de la défense qui avance si peu » y est-il écrit.

Pour qu’une telle chose puisse arriver, il faudrait des règles d’engagement identiques, des états-majors communs, des matériels (le système Felin par exemple) compatibles, adopter une langue de travail que tout le monde puisse comprendre ou alors disposer de soldats bilingues… Et puis, si cette fusion doit voir le jour, comment les choses se passeront en cas de désaccord entre Paris et Berlin au sujet d’une éventuelle intervention militaire?

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