Un espion chinois arrêté en Russie

Un rapport publié le 3 octobre par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) a confirmé une tendance observée maintenant depuis plusieurs années : les importations d’armes russes en Chine ont continué à régresser en 2009 et 2010, après avoir chuté de 50% entre 2006 et 2007.

Par le passé, la part que représentait Pékin dans les exportations russes de matériels militaires a atteint les 40%. Elle ne serait plus que de 10% actuellement, la raison étant que la Chine a développé sa propre industrie d’armement, laquelle est maintenant, selon le Sirpri, est de plus en plus « capable de répondre aux demandes intérieures et d’exportation. »

Seulement, les armes développées par les ingénieurs chinois sont, pour la plupart, très largement inspirées des produits acquis auprès de la Russie. Cette habitude a été prise dès les années 1950, période où les deux pays s’entendaient encore assez bien, avant de s’affronter au cours de la décennie suivante.

Ainsi, le chasseur chinois Chengdu J-7 n’est qu’une copie du du Mig 21 soviétique. Et, de nos jours, le Sheyang J-11 ressemble à s’y méprendre au SU-27 SK Flanker construit par Sukhoï, à la différence près que l’électronique de bord et l’armement sont de facture chinoise. Et ce qui froisse Moscou dans cette affaire, c’est l’intention de Pékin de proposer ces appareils à l’exportation, notamment vers le tiers-monde, et cela à des prix défiant toute concurrence. Autrement dit, l’industrie d’armement russe, après avoir vendu ses matériels à la Chine, voit cette dernière la vampiriser.

C’est donc dans ce climat entre les deux pays que le Service fédéral de sécurité (FSB) russe a annoncé l’arrestation d’un espion chinois qui s’intéressait d’un peu trop près au système de défense aérienne S-300.

« Ce citoyen chinois, traducteur au sein de délégations officielles, tentait d’obtenir des documents (…) sur les systèmes d’armes S-300 qui constituent un secret d’Etat, auprès de citoyen russes auxquels il promettait une récompense » a expliqué le FSB, par la voie d’un communiqué publié le 5 octobre.

Ce n’est pas la première fois que la Chine est accusée d’espionnage, deux professeurs russes de l’Université Baltiïski Voïenmekh, spécialistes des missiles, étant actuellement détenus dans l’attente de leur procès pour avoir livré des informations à cette dernière .

Cela étant, il peut paraître étonnant qu’un agent chinois ait été pris la main dans le sac en cherchant des informations sur un équipement en dotation dans l’armée populaire de libération (APL), 15 batteries de ce système, déjà ancien, lui ayant été livrées en avril 2010. Aussi, l’on pourrait penser qu’il suffit aux ingénieurs chinois d’étudier de près les exemplaires qui sont à leur disposition pour les copier.

Seulement, si vous démontez votre ordinateur, vous ne saurez pas reproduire ses différents composants pour en faire une machine identique car il vous manquera les procédés de fabrication. Dans le cas des S-300 russes fournis à l’armée chinoise, c’est la même chose. D’ailleurs, l’on sait que la Chine travaille déjà sur une arme similaire étant donné qu’elle a annoncé, en janvier 2010, une interception réussie d’un missile balistique avec probablement son système HQ-9, lequel serait fortement inspiré du système russe.

L’aspect le plus suprenant de cette affaire est la date de sa révélation. En effet, cet espion chinois a été arrêté à Moscou le 28 octobre 2010. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire cette annonce, qui intervient à quelques jours seulement d’une visite programmée en Chine de Vladimir Poutine, le Premier ministre russe?

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