Libye : Plus de 10.000 missiles sol-air manquent à l’appel
« Nous sommes mobilisés sur ce risque, d’autant plus que la perméabilité des frontières est considérable. Ce qui se passe dans le Fezzan, dans le sud de la Libye, commande la sécurité d’Etats avec lesquels nous avons des accords de coopération : Tchad, Niger, Mali. Nous avons sensibilisé ces pays et proposons notre aide. Mais nous nous attaquons aussi la racine du problème en définissant avec nos partenaires des mesures pour localiser et sécuriser en Libye même les armements de l’ancien président Kadhafi » a déclaré au quotidien La Croix, à propos de la prolifération d’armes, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, le 28 septembre.
Seulement, les stocks de missiles sol-air de l’ancien régime libyen n’ont pas attendus pour être pillés. Selon le président du comité militaire de l’Otan, l’amiral Giampaolo Di Paola, cité par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, la trace de plus de 10.000 d’entre-eux aurait été perdue en Libye, ce qui représente « une sérieuse menace pour l’aviation civile » s’ils sont tombés entre de mauvaises mains « du Kenya à Kunduz ».
L’officier n’a cependant pas donné de précisions sur les différents types de missiles sol-air disparus mais le général libyen Mohamed Adia, en charge de l’armement au sein du Conseil national de transition (CNT) a estimé, le 1er octobre, à « environ 5.000 » le nombre de missiles 9K32 Strela-2 (code Otan : SA-7 Grail) portés manquants sur les 20.000 acquis par le régime du colonel Kadhafi auprès de la Russie et de la Bulgarie.
Dans le détail, 14.000 de ces engins ont été détruits, utilisés ou hors d’usage et 500 autres ont été neutralisés par le CNT. « Malheureusement, il est possible que certains de ces missiles soient tombés entre mauvaises mains (…) à l’étranger » a déclaré le général Adia.
Et les premiers en avoir sans doute profité sont les combattants d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’organisation issue du GSPC algérien qui compte dans ses rangs des jihadistes affirmés, mais aussi des bandits de grand chemin comme Mokhtar Belmokhtar, lequel se livre à différents trafics sous un vernis « islamiste ».
Ce qui inquiète les responsables des services de sécurité tient à la nature des missiles sol-air disparus. Le SA-7 est un engin à guidage infrarouge, d’une portée pouvant atteindre les 4 km. Tiré à l’épaule, il est capable d’atteindre un avion évoluant à 1.000 km/h et à 750 mètres d’altitude. L’un d’entre eux avait failli abattre, à Mombasa, un avion de la compagnie israélienne Arkia avec 272 personnes à bord, en novembre 2002. D’où la crainte que ce scénario se reproduise.
Cela étant, il reste à voir l’état des missiles SA-7 portés manquants. Ces derniers, certes rudimentaires, ont besoin d’être entretenus. De plus, leur manipulation n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air et demande une formation préalable pour le tireur. Enfin, leur autonomie n’est pas des meilleures, étant donné que leurs batterties thermiques se déchargent rapidement.