Le chef d’état-major estonien préoccupé par la montée en puissance de l’armée russe
L’intensification de l’activité militaire russe près des pays baltes préoccupe le général Ants Laaneots, l’actuel chef d’état-major de l’armée estonienne. Et selon lui, il ne serait pas le seul puisque son inquiétude est partagée par la Lituanie, la Lettonie, la Pologne mais aussi la Finlande et la Suède.
« La Russie a considérablement augmenté sa présence militaire dans la région occidentale (mer Baltique) et a créé un un nouveau commandement stratégique pour l’ouest, bien plus puissant que n’a été le district militaire de Leningrad » a ainsi déclaré, le 23 septembre au site Estonie ETV, l’officier, lequel par ailleurs bien le potentiel militaire russe étant donné qu’il a servi au sein de l’armée Rouge avant l’indépendance de l’Estonie, en 1991. Et cela cause des « inquiétudes en Finlande, en Suède, dans les Pays Baltes et en Pologne » a-t-il ajouté.
« La Russie a effectué des exercices militaires tout l’été. Ce qui m’a beaucoup alarmé, c’est qu’ils mettent fortement l’accent sur la coopération entre les différents types de forces militaires et le personnel de commandement » a-t-il expliqué.
Pour donner quelques exemples de l’activité militaire russe dans la région, il suffit de regarder les interventions des Mirage 2000 de l’armée de l’Air française, déployés en Lituanie dans le cadre de l’opération Baltic 2011. Les appareils français, qui ont été remplacés au début du mois par des F-16 danois, ont intercepté à plusieurs reprises des avions de transports russe et, dans un cas, un avion de surveillance aérienne de type Beriev A-50 accompagné par deux chasseurs SU-27.
Plus récemment encore, des bâtiments de la marine suédoise étaient à la recherche – sans succès – d’un sous-marin dans le cadre d’une enquête portant sur de présumées « activités étrangères de renseignement », à l’ouest du port de Gothenburg. Bien évidemment, la nationalité de ce submersible n’a pas été communiquée. Mais la probabilité pour qu’il soit russe, dans cette région, est élevée.
Par ailleurs, les rapports entre les Pays Baltes – et l’Estonie en particulier – avec la Russie ont toujours été historiquement tendus. Et qui plus est, les Estoniens ont été les premiers a être victime d’une cyberattaque de grande envergure, au printemps 2007, des pirates russes ayant saturé les serveurs informatiques du pays, après le retrait d’une statue rendant hommage à l’armée Rouge.
Cette menace russe a toujours été prise au sérieux par l’Otan, qui, selon les câbles diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks, l’an passé, a des plans visant à protéger les Etats baltes.
Cependant, le ministre estonien de la Défense, Mart Laar, a relativisé la menace dont s’est fait l’écho le général Laaneots. S’il a reconnu le renforcement du potentiel militaire russe dans la région, il a toutefois indiqué ne pas croire que la Russie se lancera dans une aventure militaire (sauf à défier l’Otan et l’Union européenne, ce qui, dans l’état actuel des choses, est peu probable). Selon ce responsable politique, le danger vient de ses faiblesses internes. Et de citer le risque que représente, selon lui, le complexe nucléaire de Sosnovy Bor, étant donné deux de ses réacteurs de 2ème génération sont du même type que celui qui a explosé à Tchernobyl et que les autres, de 1ere génération, sont considérés comme étant les plus dangereux.