Les Etats-Unis envisagent de mener des opérations clandestines en Irak pour contrer l’Iran après leur retrait militaire

A la fin de cette année, et conformément à l’accord passé en 2008 entre Washington et Bagdad, les 47.000 militaires américains restés en Irak après la fin de la mission de combat prononcée l’an passé devront avoir quitté le pays.

Cette perspective n’enchante pas le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, qui a indiqué souhaiter le maintien des troupes américaines après 2011, par crainte d’une nouvelle guerre civile et confessionnelle, avec des interventions étrangères étant donné que, selon lui, les forces irakiennes ne sont pas prêtes pour assumer seules la sécurité du pays. D’ailleurs, les faits lui donnent raison car elles manquent notamment de moyens aériens et le terrorisme continue de frapper, presque quotidiennement en Irak.

« Nous pensons que la présence des forces américaines en Irak est encore nécessaire et c’est ce que disent les (responsables de) partis politiques lors de réunions bilatérales mais quand ils se trouvent devant un micro ils disent quelque chose de différent » a encore accusé Massoud Barzani, qui s’oppose également aux autorités irakiennes au sujet du projet de loi sur le pétrole, qui doit répartir les responsabilités de la production entre Bagdad et les provinces. Et le Kurdistan irakien, riche en hydrocarbures, craint de perdre le contrôle de ses ressources.

Aussi, côté américain, plusieurs parlementaires plaident pour un maintien d’un contingent en Irak après la date limite. C’est notamment le cas du sénateur républicain Lindsay Graham, par ailleurs officier de réserve de l’US Air Force, qui a évoqué la possibilité d’y laisser 10.000 hommes. Idem pour le président de la commission des Forces armées de la Chambre des représentant, Howard McKeon, également en pointe contre les réductions budgétaires promises au Pentagone.

Quant au secrétaire à la Défense, Leon Panetta, il pencherait pour le maintien en Irak d’une force de 3 à 4.000 soldats. Seulement, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, ne le souhaite pas. Même s’il a reconnu le besoin de formateurs pour ses forces armées, il a parlé d’avoir recours à des sociétés militaires privées, ce qui lui permettrait de donner le change à l’égard de ceux qui ne veulent plus voir de soldats américains sur le sol irakien.

Les débats au Congrès sur un éventuel maintien d’une force américaine relativement importante en Irak ont pour fondement la crainte de voir l’Iran profiter du vide sécuritaire pour y accroître son influence et destabiliser Bagdad.

Cette préoccuppation est partagée par les responsables militaires, ainsi que par ceux du renseignement américain. Selon le Wall Street Journal, ils ont demandé à la Maison Blanche l’autorisation de mener des opérations clandestines en Irak après 2011, afin de contrer les visées iraniennes sur le pays, lesquelles sont d’autant plus faciles en raison de la forte composante chiite de la population, comme en Iran.

Les menées de Téhéran en Irak ne sont pas nouvelles. Depuis plusieurs années, les rapports d’évalution de la situation en Irak publiés régulièrement par le Pentagone font état de livraisons d’armes et de soutien aux groupes radicaux chiites irakiens. En juin dernier, cette implication iranienne a eu pour conséquence la mort de 15 soldats américains au cours d’une attaque menée par des milices soutenues par le régime des mollahs.

Plus généralement, l’administration Obama est préoccupée par l’influence grandissante de l’Iran au Moyen Orient, et plus précisément de son ingérence en Syrie et à Bahreïn. Cette inquiètude est également partagée par les monarchies pétrolières de la région, qui, en raison de la proportion de chiite, parfois importante, au sein de leur population, craignent d’être destabilisées.

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