Le ministère de la Défense bétonne juridiquement le projet du Pentagone à la française pour faire respecter les délais

Il est impératif que le futur Pentagone à la française – le « Balardgone » – soit prêt avant 2015 afin d’y permettre le déménagement du ministère de la Défense ainsi que ceux des états-majors.

A terme, et à l’exception de l’Ecole Militaire et des Invalides, les armées devront avoir libéré les emprises qu’elles occupent actuellement à Paris, ce qui permettra de les vendre pour obtenir des recettes exceptionnelles, censées amortir l’impact de l’effort financier demandé à l’Hôtel de Brienne dans le cadre de la politique gouvernementale de réduction des dépenses publiques.

Autant dire que le projet du « Balardgone » ne devra souffrir aucun retard, d’autant plus que le regroupement du ministère et des services de la Défense est la mesure emblématique de la réforme lancée en 2008.

Pour mémoire, le « Pentagone à la française » sera établi dans le XVe arrondissement de Paris, à Balard, sur une superficie de 16,5 hectares et accueillera 10.000 militaires et 5.000 civils. Il comprendra trois parties : le ministère de la Défense et les états-majors rassemblés dans un bâtiment principal (sorte d’hexagone), la Cité de l’Air et un secteur de 90.000 m2 réservés à des bureaux privés.

Le chantier a été confié au groupement Opale Défense, emmené par Bouygues Bâtiment Île-de-France, dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé (PPP). Le coût de construction, évalué à 600 millions d’euros, est pris en charge par l’entrepreneur, auquel le ministère de la Défense versera une redevance annuelle de 100 à 150 millions d’euros pendant 27 ans. Cette somme inclue le loyer, ainsi que les frais financiers, l’entretien des bâtiments et des services externalisés.

Pour éviter la mauvaise surprise que constitueraient des retards dans la construction de cette emprise, le ministère de la Défense a pris les devants en lançant une procédure de déclaration de projet afin de protéger juridiquement ce programme.

« C’est une procédure nouvelle, instaurée en 2010, qui permet à l’Etat, d’une manière générale, d’engager une modification du Plan local d’urbanisme (PLU) pour des projets d’intérêt général, ce qui est le cas » a expliqué, à l’AFP, Bruno Vieillefosse, qui suit ce dossier au ministère de la Défense. Il s’agit de « sécuriser le projet sur un plan juridique et l’enfermer dans un délai limité ».

Le projet qui a été retenu prévoit trois cheminées de ventilation, qui doivent permettre à l’ouvrage d’obtenir le cachet « haute qualité environnementale ». Seulement, étant donné que le PLU fixe une limite de 31 mètres pour la hauteur des bâtiments, ces dernières sont trop grandes de 12 mètres. C’est donc pour éviter que des « débats d’experts » viennent retarder le chantier que le ministère de la Défense a mis en oeuvre cette procédure.

Par ailleurs, il y a un autre problème qui reste encore à régler. En effet, selon le PLU parisien, il est prévu d’implanter sur l’emprise de Balard un garage pour accueillir 200 bus de la RATP, actuellement situé dans le même arrondissement, à la Croix-Nivert, où la Mairie de Paris compte faire construire 450 logements sociaux.

« On ne modifiera pas le PLU si on n’a pas la certitude de pourvoir réaliser le garage à bus et les logements, qui sont des opérations d’intérêt général mais je ne doute pas que le ministère de la Défense comprendra les intérêts de la ville et de ses habitants » a expliqué, à l’AFP, Anne Hidalgo, la première adjointe (PS) du maire de Paris. Toujours selon elle, « le pouvoir d’urbanisme appartient » à ce dernier, qui « ne peut pas signer un permis de construire qui contrevienne au PLU ».

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