Gérard Longuet dénonce les aides pakistanaises aux insurgés afghans

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a dénoncé, le 23 août, sur les ondes de France Inter, les ingérences étrangères qui perturbent la normalisation de l’Afghanistan.

« Une insurrection aussi constante, disposant de moyens importants, bénéficie nécessairement de soutiens extérieurs » a-t-il affirmé. « Il y a une dimension internationale à cette affaire. Si l’Afghanistan ne concernait que les Afghans, je crois que le problème aurait été réglé depuis plusieurs années » a-t-il ajouté.

Parmi les acteurs impliqués dans le dossier afghan, le ministre a désigné le Pakistan, tout en reconnaissant que ce pays est lui-même soumis à des « pressions extérieures » qu’il n’a cependant pas précisées.

« Je constate simplement qu’un grand pays voisin a pu abriter Ben Laden pendant 10 ans dans l’opacité la plus complète » a-t-il dit. « Mais ce grand pays voisin est lui-même soumis à des pressions extérieures, à des solidarités qui le dépassent et qui le gènent. Il y a des taliban au Pakistan, que le gouvernement pakistanais combat. Ces taliban eux-mêmes sont soutenus » a-t-il ajouté, sans plus de détails. Enfin bon… On le savait quand même depuis longtemps et la littérature sur ce sujet est assez riche. Mais pour une fois, ce soutien est officiellement évoqué par un responsable politique.

Cela étant, un rapport de l’International Crisis Group [.pdf], publié en juin dernier, a indiqué que l’Inter-Service Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais, soutiendraient les rebelles dans la province de Kapisa, là où est déployé un bataillon français. Cette information a été corroborée par les confidences faites au quotidien Le Monde (édition du 19 août) par un diplomate en poste à Kaboul. Selon lui, un officier de cette structure siégerait même dans la choura des insurgés afghans. « Il s’agirait d’une présence tournante, il changerait tous les quatre mois » a-t-il précisé au journal.

Par ailleurs, le ministre de la Défense a répondu à celles et ceux qui réclament un retrait anticipé des forces tricolores d’Afghanistan. Pour lui, les militaires français ont encore beaucoup à faire dans leur zone de responsabilité.

« Pourquoi avons-nous eu ces difficultés cet été dans la zone de Tagab, en Kapisa? Parce que nous avons décidé d’empêcher le regroupement d’armes et d’hommes qui pourraient à un moment ou un autre (…) pour le gouvernement afghan, constituer une véritable menace », a-t-il expliqué. « Donc, nous avons poursuivi les fouilles, les contrôles, la dislocation des stocks d’armes, des petits groupes armés, et cela est un préalable absolu », a encore ajouté Gérard Longuet.

Evaluant le nombre de taliban à 20.000 sur 26 millions d’Afghans, le ministre a estimé que « dans un pays comme l’Afghanistan, il est indispensable d’assurer la circulation sur les routes et d’interdire l’accumulation d’armes et de groupes armés » et que « le recours à des processus normaux en politique est à peu près impossible parce qu’à tout moment un petit nombre peut utiliser la force. »

Par ailleurs, les militaires français sont déployés dans une zone stratégique pour l’insurrection afghane, laquelle est, de plus, fragmentée en plusieurs factions rivales. Cette situation est due aux efforts de la coalition réalisés dans le sud de l’Afghanistan, qui a conduit les rebelles à se recentrer vers d’autres régions.

Ainsi, en Kapisa, qui est un verrou placé entre le Pakistan et Kaboul, le rapport de l’ICG précédemment mentionné indique que ce secteur est disputé par les taliban de la choura de Peshawar et le réseau Haqqani, dont la base arrière est situé dans l’agence tribale pakistanaise du Nord-Waziristan, aux membres du Hezb-e-Islami, le parti dirigé par le seigneur de guerre Gulbbudin Hekmatyar. Et cela accentue l’insécurité pour les troupes françaises, qui ont subi les plus lourdes pertes de la coalition par rapport à leurs effectifs (22 tués) depuis le début de l’année.

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