Afghanistan : Le général américain John Allen prend le commandement des forces de l’Otan

La Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, a officiellement transmis ses responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes dans 7 régions du pays au cours des deux derniers jours. Ces transferts amorcent ainsi le processus de transition, lequel doit prendre fin d’ici à 2014, conformément à ce qui avait été décidé lors du sommet de l’Alliance atlantique à Lisbonne, en novembre dernier.

Cette approche repose surtout sur la capacité aux forces de sécurité afghanes (armée et police) à prendre effectivement le relais de la coalition. Cela passe par un recrutement important et la formation, laquelle coûte 1 milliard de dollars par mois aux contribuables américains.

Actuellement, l’armée nationale afghane compte 168.000 soldats et les effectifs de la police ont été portés à 126.000 hommes et certains problèmes qui avaient été mis en avant au cours de ces derniers mois évoluent dans le bon sens. Ainsi, selon l’Otan, le taux d’illetrisme des recrues est passé de 86 à 52% et les désertions sont beaucoup moins fréquentes, passant de 30 à 20% pour les militaires et de 70 à 25% chez les policiers, le doublement de la solde (165 dollars mensuels) y étant pour beaucoup.

Il reste cependant d’autres défis à relever, comme les déséquilibres éthniques parmi les effectifs ou encore les tentatives d’infiltration par les insurgés. Un militaire de l’Otan a ainsi été tué, le 16 juillet, par un homme portant l’uniforme de l’armée nationale afghane…

Par ailleurs, les assassinats de deux proches du président Karzaï, à savoir son demi-frère et homme fort de Kandahar, Ahmed Wali ainsi que l’un de ses plus proches conseillers, Jan Mohammad Khan, n’ont pas pu être empêchés par les forces de sécurité afghane, comme d’ailleurs les attentats qui ont ensanglanté Kaboul récemment…

C’est dans ce contexte que le général David Petraeus a transmis, ce 18 juillet, les rênes de l’ISAF au général John Allen, qui était jusqu’alors le numéro de l’US Centcom, le commandement américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient.

Nommé à ce poste en juin 2010, après la publication par le magazine Rolling Stones de propos critiques à l’égard de l’administration Obama tenus par son prédécesseur, le général Stanley McChrystal (qui a été « blanchi » depuis…), le général Petraeus est appelé à prendre la tête de la CIA.

En janvier 2007, ayant ressorti du purgatoire les thèses en matière de contre-insurrection du colonel français David Galula, le général Petraeus avait élaboré la tactique qui permit de mettre en échec les groupes jihadistes en Irak. Pour cela, il avait demandé des effectifs supplémentaires importants (ce que l’on a appelé le « surge »), lesquels lui avaient été accordés par le président Bush, et mis en place une collaboration avec les tribus locales, lasses de l’activisme et de la violence des mouvements radicaux sunnites.

Arrivé donc en Afghanistan en 2010, le général Petraeus a eu une marge de manoeuvre relativement réduite étant donné qu’il a été tributaire de la stratégie élaborée par son prédécesseur et que le théâtre afghan est très différent de l’Irak, où l’insurrection était limitée au triangle sunnite.

Sans des renforts importants, (30.000 hommes accordés par Barack Obama alors que le général McChrystal en avait souhaité beaucoup plus), le futur patron de la CIA a cependant émis des directives visant à améliorer le moral des troupes (en autorisant à nouveau les fast-food sur les bases américaines),  à assouplir les règles d’engagement pour les appuis aériens et mis davantage l’accent sur la traque des commandants insurgés grâce à des opérations des forces spéciales.

En dernier lieu, le général Petraeus a été désavoué par la décision de Barack Obama de réduire les forces américaines présentes en Afghanistan de 30.000 hommes d’ici à juillet 2012 : l’officier se voulait alors nettement plus prudent que son commandant en chef.

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