La facture des avions ravitailleurs de l’US Air Force dérape déjà

« Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus » avait déclaré le roi Pyrrhus Ier d’Epire, selon Plutarque. Il est probable que les dirigeants de Boeing aient cette phrase en tête, après avoir remporté, contre EADS, l’appel d’offres concernant les avions ravitailleurs de l’US Air Force.

Pour remporter la mise, en février dernier, le constructeur américain avait considérablement tiré ses prix vers le bas pour proposer une offre inférieure de 2 milliards de dollars par rapport à celle d’EADS. Normal : c’était le critère numéro un pour les aviateurs américains. Cependant, à la différence de son concurrent européen, le KC-45, dérivé de l’A330 MRTT, le KC-46, l’appareil soumis par Boeing, n’est pas prêt.

D’ici à la fin de l’année 2017, Boeing doit ainsi concevoir, construire et livrer 18 avions sur les 179 commandés. Un budget de 4,9 milliards de dollars avait été prévu pour le développement et la certification de quatre premiers appareils. Seulement voilà, selon l’agence Bloomberg, qui cite des officiels américains, la somme a déjà été dépassée, d’environ 300 millions de dollars.

Du côté de l’US Air Force, on fait valoir que le contrat a été signé à prix fixe. Autrement dit, si la facture dérape, c’est à Boeing de financer la différence. Par ailleurs, l’avionneur, qui a été laminé par la filiale d’EADS, Airbus, au niveau des prises de commande lors du dernier Salon du Bourget, est en difficulté sur d’autres programmes civils, à savoir le B787 et le B747-8.

Aussi, EADS a eu raison de ne pas contester l’appel d’offres de l’US Air Force. Grâce à ce dernier, le groupe européen a obtenu le label de fournisseur du Pentagone avec le statut de « prime contractor », ce qui lui permet de ménager l’avenir, notamment pour ce qui concerne les hélicoptères ou d’autres services liés aux activités de défense.

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