33.000 militaires américains quitteront l’Afghanistan d’ici l’été 2012

Quand il avait annoncé, en décembre 2009 le changement de stratégie en Afghanistan avec l’envoi de plus de 30.000 soldats américains supplémentaires, le président Obama avait promis que le désengagement militaire des Etats-Unis commencerait à partir de juillet 2011. Alors que le délai approche, il restait à déterminer l’ampleur de cette amorce de retrait.

Entretemps, il a été décidé, lors du sommet de l’Otan de novembre 2010, organisé à Lisbonne, de confier à partir de 2014 la responsabilité de la sécurité de l’ensemble des provinces de l’Afghanistan aux forces de sécurité afghanes.

L’actuel secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui va prochainement quitter ses fonctions, avait mis en garde contre un début de retrait trop massif d’Afghanistan. Et, selon le Wall Street Journal, le Pentagone aurait souhaité garder ses 100.000 hommes qu’il a sur le terrain afin de maintenir la pression sur les insurgés afghans pendant deux étés de suite dans les provinces où ils sont les plus actifs, notamment à l’est et dans le sud.

Il s’agit, pour les militaires, d’éviter que les progrès enregistrés jusqu’à présent, décrits comme « fragiles », soient réduits à néant par une baisse trop rapide et soudaine des effectifs. Et sur le plan de la communication, cela donnerait la fâcheuse impression que les insurgés ont remporté un succès contre les troupes de l’Otan.

A contrario, le successeur désigné de Robert Gates, le patron de la CIA, Leon Panetta, a plaidé pour un retrait significatif des forces américaines à partir de juillet, en fonction, cependant, des conditions sur le terrain. Au Congrès, plusieurs sénateurs ont pris le prétexte de l’élimination d’Oussama Ben Laden et d’une vingtaine de hauts responsables d’al-Qaïda pour un désengagement massif d’Afghanistan, portant sur au moins 30.000 hommes, soit l’équivalent des renforts annoncés en 2009. « Notre investissement actuel en soldat et en dollars n’est ni proportionnel à nos intérêts, ni supportable » à terme a par ailleurs affirmé le puissant chef de la commission des Affaires étrangères au Sénat, le sénateur démocrate John Kerry.

Dans le même temps, Washington a confirmé, le 19 juin, des négociations avec le mouvement taleb. « Ces pourparlers se déroulent bien. Les forces étrangères, notamment les Etats-Unis, mènent eux-mêmes des négociations » avait indiqué, la veille, Hamid Karzaï, le président afghan. Ces discussions ont d’ailleurs été rendues plus faciles avec la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de place les taliban et al-Qaïda sur deux listes différentes de sanctions, afin d’encourager les premiers à ne plus aider la seconde.

Dans ce contexte, le président Obama a finalement choisi un retrait relativement important mais qui se fera en plusieurs étapes. Ainsi, 10.000 militaires américains devraient rentrer d’Afghanistan d’ici à la fin de cette année. Un premier contingent de 5.000 hommes sera vraisemblablement concerné en juillet. Les 5.000 autres suivront quand les combats de l’été seront terminés.

Mais le processus doit s’accélérer en 2012, avec 20.000 soldats supplémentaires retirés du théâtre afghan. A terme, les effectifs de l’armée américaine seront au même niveau qu’avant 2009, avec près de 69.000 hommes.

Ainsi, les Etats-Unis devraient privilégier à l’avenir une approche basée sur le contre-terrorisme, préconisée depuis longtemps par le vice-président Joe Biden et abandonner la stratégie de contre-insurrection mise en place par le général McChrystal et poursuivie par le général Petraeus, l’actuel patron de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan. « Petraeus a perdu, Biden a gagné » a résumé le sénateur républicain Lindsay Graham. « Rappelons nous qu’Obama comme Biden ont eu tout faux sur l’Irak » a-t-il rappelé. En 2007, le général Petraeus avait été l’artisan de la stratégie qui avait mis à mal la branche irakienne d’al-Qaïda.

Reste à voir ce que sera la présence militaire des Etats-Unis après 2014. L’on sait qu’un accord de partenariat stratégique entre les Washington et Kaboul fait actuellement l’objet de négociations. Ces dernières rencontrent des difficultés, notamment au sujet de l’implantation de bases américaines : les autorités afghanes exigeraient des loyers beaucoup trop élevés pour le budget du Pentagone.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]