Elections 2012 : Villepin veut mutualiser la dissuasion française

Dans l’attente des conclusions du procès en appel de l’affaire Clearstream, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin n’a pas encore fait acte de candidature pour la prochaine élection présidentielle qui aura lieu dans un an.

Cependant, le mouvement de Dominique de Villepin, République solidaire, a récemment rendu public un projet pour cette échéance et la mesure qui a sans doute été la plus commentée est l’instauration d’un revenu citoyen de 850 euros pour celles et ceux qui sont sans ressources.

Comme pour le programme socialiste, qui a déjà été publié, la Défense ne fait pas l’objet de propositions claires. Rien n’est dit sur le format des forces, ainsi que sur leurs équipements et leurs ressources. Sans doute peut-on déduire que leur budget ne diminuera pas pour financer les mesures présentées par ce programme étant donné qu’il y est surtout prévu d’augmenter et de redéployer les recettes fiscales.

Au chapitre « Refonder les piliers de la République », il y est question d’éducation, de justice, de police, de décentralisation, d’Europe et de la presse alors que la Défense nationale est l’une des missions régaliennes de l’Etat.

Le résumé du programme en 20 points n’aborde que très partiellement les questions militaires. Et encore, en bout de liste… Bref, il y est préconisé « une sortie du commandement intégré de l’Otan », assorti de « progrès d’une Europe de la Défense indépendante ». En clair, il s’agit donc d’un retour en arrière, sans aucune garantie pour ce qui concerne les politiques militaires des partenaires européens de la France.

Les questions de défense et de sécurité sont plus largement évoquées dans la partie « Défendre une ambition pour la nation dans le monde ». Là, on aurait pu s’attendre, en effet, à quelque chose de plus consistant.

Seulement voilà, il y est largement question de politique culturelle à la sauce soft power, de favoriser l’exportation en soutenant les PME et les entreprises innovantes, d’outre-Mer, d’immigration et de diplomatie. Deux paragraphes, seulement, concernent la défense.

La remise en cause de la présence française dans le commandement intégré de l’Otan y est bien sûr affirmée mais il y est proposé « la mutualisation de la dissuasion nucléaire française à l’échelle franco-allemande ou européenne », ainsi que de faire réaliser « des progrès significatifs » à  » l’Europe de la Défense » et de garantir « son indépendance à l’égard de la politique américaine ». En second lieu, il y est écrit qu’il « faut fixer un cadre aux engagements militaires de la France dans les opérations extérieures en imposant un mandat international, un calendrier initial contraignant et la clarté dans la définition des missions ».

La proposition de l’ex-Premier ministre au sujet de la dissuasion nucléaire n’est pas nouvelle. Ainsi, la Charte de Nuremberg, adoptée par Jacques Chirac et Helmut Kohl, l’ancien chancelier allemand, indiquait que la France et l’Allemagne de déclaraient « prêtes à engager un dialogue concernant la fonction de la dissuasion nucléaire dans le contexte de la politique de défense européenne ».

Alors qu’il était chef du gouvernement, Alain Juppé avait ouvert cette perspective à l’occasion d’un discours prononcé devant l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) à l’automne 1995. Il avait notamment parlé de « dissuasion concertée » entre les partenaires européens.

Et la Loi de Programmation Militaire (LPM) 1997-2002, approuvée par le Parlement en juin 1996, estimait que l’Europe occidentale formait un « espace stratégique commun » et rappelait la nécessité d’avoir une « relation privilégiée avec l’Allemagne en matière de défense et de sécurité » et que « la dissuasion nucléaire elle-même pourrait revêtir (…) une dimension européenne plus marquée », sous réserve d’un accord des partenaires européens.

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