Le livre noir de l’armée allemande

Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, il ne s’agit pas d’un nouvel ouvrage concernant les exactions commises par l’armée allemande au cours de le Seconde Guerre Mondiale (la littérature est déjà riche sur ce sujet). L’ auteur du « Livre noir de la Bundeswehr », Achim Wohlgethan, un ancien parachutiste de la Bundeswehr reconverti dans l’écriture de « best sellers », évoque l’engagement militaire de l’Allemagne en Afghanistan.

Et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne prend pas de gants. S’il déplore le manque de soutien de l’opinion publique allemande aux militaires de la Bundeswehr déployés dans le nord de l’Afghanistan (3ème plus important contingent de l’ISAF, après celui des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne), Achim Wohlgethan s’en prend aussi aux matériels qu’ils y mettent en oeuvre et aux lacunes auxquelles ils doivent faire face.

La situation qu’il décrit est telle que l’on pourrait reprendre l’expression allemande « heureux comme Dieu en France » si l’on devait établir une comparaison avec les équipements des forces françaises de la Task Force La Fayette (et dont on trouvera, pourtant, toujours à y redire).

Ainsi, selon Achim Wohlgethan, les équipements de la Bundeswehr en Afghanistan sont « catastrophiques » et il dénonce le manque de soutien aérien, qu’il soit founi par des avions de chasse ou des hélicoptères de combat. De même, il déplore que des chars lourds Leopard 2 n’aient pas été déployés dans la zone de responsabilité allemande, alors même que les forces canadiennes en ont démontré leur utilité au cours de leur engagement afghan.

Pour l’auteur, ce manque de moyens s’explique notamment par les réticences de la classe politique à considérer la mission afghane comme étant une opération de guerre. A ses yeux, seul l’ancien ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, a su prendre la mesure des choses, notamment en décidant l’envoi de nouveaux blindés au contingent de la Bundewehr déployé dans la province de Kunduz, mais en refusant, toutefois, d’y engager des chars lourds.

Les reproches d’Achim Wohlgethan rejoignent d’ailleurs les informations données par le Financial Times Deutschland, en avril 2010, selon lesquels 600 véhicules blindés de la Bundeswehr envoyés en Afghanistan – sur 975 – devaient être retirés des opérations en raison notamment de leur inaptitude à protéger efficacement les militaires allemands.

Pourtant, Berlin a fait des efforts pour améliorer l’équipement de ses soldats. L’an passé, toujours, Karl-Theodor zu Guttenberg avait décidé d’envoyer de nouveaux blindés, dont des obusiers PzH 2000 de 155 mm, et de commander des ATF Dingo 2, qui, conçus par Krauss-Maffei Wegmann, sont censés protéger leur équipage des engins explosifs improvisés. En outre, 39 autres exemplaires de ce véhicule devraient être livrés à partir de novembre 2011.

Par ailleurs, le contingent allemand en Afghanistan est en train de recevoir des véhicules anti-IED MiniMinewolf. Ces derniers, d’une masse de 6 tonnes et commandés à distance, permettent de repérer et de se débarrasser des bombes artisanales, qui sont les armes de prédilection des insurgés afghans.

Depuis l’engagement militaire de l’Allemagne en Afghanistan, 49 soldats de la Bundeswehr ont perdu la vie.

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