Libye : La France ne veut pas armer les rebelles

Il y a un point sur lequel les pays qui participent aux opérations militaires au-dessus de la Libye sont unanimement d’accord : il faut que le colonel Kadhafi quitte le pouvoir. C’est ce qu’ils ont exprimé lors de la réunion, à Doha, du « groupe de contact », qui est l’instance de pilotage politique de l’action menée dans le cadre de la résolution 1973.

Quant aux membres de l’Otan, qui a pris le commandement de l’opération Unified Protector, laquelle vise à faire respecter la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, à protéger les populations civiles et à imposer l’embargo sur les armes, ils sont divisés tout en affichant une unité de façade.

D’un côté, la France et le Royaume-Uni ont appelé à intensifier les opérations aériennes – et donc les frappes – contre les troupes de Kadhafi. Si le fief de l’insurrection libyenne, Benghazi, a pu être sauvé des exactions promises par le leader libyen pendant que ses troupes étaient aux portes de la ville il y a plus de 3 semaines, c’est maintenant Misrata qui est au centre des inquiétudes de Paris et Londres.

« L’Otan a absolument voulu conduire cette opération sur le plan militaire. Eh bien voilà, on y est maintenant (…). Il n’est pas acceptable que Misrata puisse continuer à être sous le feu du bombardement des troupes de Kadhafi » a lancé Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une réunion avec ses homologues européens au Luxembourg, le 12 avril.

Les pays membre de l’Otan (6 sur 28) dont les avions participent aux frappes aériennes demandent que d’autres se joignent à eux pour ces missions de bombardement. C’est notamment le cas du Danemark, dont le ministre des Affaires étrangères, Lene Espersen, a souligné, lors d’une réunion de l’Alliance à Berlin, ce 14 avril, les « efforts considérables » (à relativiser tout de même, avec seulement 4 F-16) consentis par Copenhague.

Seulement, ces appels risquent de rester lettre morte. L’Espagne, qui a engagé 4 F-18 dans l’affaire, refuse d’aller au-delà de la mission consistant à faire respecter la zone d’exclusion aérienne. Et c’est encore sans compter sur les pays qui ont mobilisé des avions sans pour autant les autoriser à ouvrir le feu. C’est le cas des Pays-Bas.

Cela étant, bien qu’en retrait de l’opération, Washington a admis que des avions américains participent ponctuellement à des raids aériens au-dessus de la Libye. « Nous avons mis à la disposition de l’Otan des avions de combat qui peuvent être utilisés dans ses missions pour anéantir la défense aérienne libyenne. Et ils en ont effectivement mené quelques unes », a ainsi déclaré le colonel Lapan, un porte-parole du Pentagone.

Autre sujet de division : la question de la livraison d’armes aux rebelles libyens. A Doha, l’Italie a fait savoir qu’elle y est favorable. « La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies ne l’interdit pas » a fait valoir un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères. Mais ce n’est pas l’avis de son collègue belge, selon qui le texte prévoit « de protéger les populations civiles, mais pas de les armer ».

Idem pour la France. Interrogé sur cette question lors de la réunion des ministres des chefs de la diplomatie des Etats membres de l’Otan, Alain Juppé a fait savoir que Paris « n’est pas dans cette disposition ». Et de préciser qu’il « n’y aura pas de solution militaire, qu’une solution politique ». Déclaration sans doute faite pour ne pas froisser l’Allemagne…

Le Qatar est quant à lui disposé à fournir des armes aux rebelles. Du moins, c’est ce que prétend le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim. « Le Qatar a envoyé des missiles français Milan aux rebelles de Benghazi » a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, en précisant que des experts qataris avaient fait le déplacement pour entraîner les insurgés.

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