Les militaires australiennes pourront monter en première ligne

Un récent rapport rédigé pour le compte du ministère australien de la Défense a mis en lumière des comportements sujets à caution parmi les personnels masculins de l’équipage du bâtiment ravitailleur HMAS Success en 2009. Le rédacteur du document, un juge en retraite, avait ainsi noté « une culture de prédateurs » et constaté des « débauches alcoolisées », avec l’attribution de primes pour chaque conquête sexuelle d’une collègue femme, âgée de 18 ans.

Quelques semaines plus tard, un scandale sexuel a agité l’Académie des forces de défense australiennes. Un élève officier aurait filmé et retransmis via Skype ses ébats amoureux avec une de ses camarades. « Dans ces circonstances, je ne peux pas imaginer une plus grande trahison d’un collègue de travail que ce qui vient de se passer », a déclaré, au sujet de cette affaire, le ministre australien de la Défense, Stephen Smith, pour qui les « soldats doivent se faire confiance ».

D’ores est déjà, les responsables de cette histoire ont été prévenus qu’ils ne pourront pas continuer leur carrière militaire si l’enquête en cours démontre la véracité des faits. Quoi qu’il en soit, cette affaire n’est pas faite pour améliorer l’image de l’armée australienne, qui a la réputation d’être misogyne.

Pour lutter contre cette tendance, Stephen Smith envisage de permettre aux personnels militaires féminins de lever l’interdiction qui leur est faite d’occuper des fonctions à risques, comme par exemple dans les forces spéciales ou dans l’infanterie. « Il est tout à fait réaliste que les femmes puissent servir en première ligne » a déclaré le ministre australien de la Défense. « Ces postes doivent être attribués en fonction des capacités mentales et physiques, et non en fonction du sexe, afin de changer une culture militaire dominée par les hommes » a-t-il expliqué. Et cela ouvrirait « aux femmes tous les postes de commandement, et c’est une chose sans doute positive » a-t-il ajouté.

Cette mesure n’a pas l’air de trouver grâce aux yeux de l’Australia Defense Association, qui l’a juge « ridicule ». « La guerre ne change pas de nature juste par que quelques féministes font un caprice » a fait valoir son porte-parole. « Le bon sens veut que si vous mettez des femme pour combattre frontalement des hommes chez l’ennemi, pendant une certaine période, nous aurons plus de morts chez les femmes que chez les hommes » a-t-il expliqué.

C’est en 1899 que l’armée australienne a ouvert ses portes aux femmes, pour des fonctions d’infirmières. Leur rôle s’est élargi à des postes logistiques et de soutien lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec le dispositif AWAS (Australien Women’s Army Service), qui est devenu le Women’s Royal Australian army Corp (WRAAC) au moment de l’affaire de Corée.

La question de permettre aux femmes australiennes d’aller au feu n’est pas nouvelle, tout comme les affaires d’harcèlement sexuel, le HMAS Swan ayant été au centre d’une affaire de ce genre en 1992. Et le gouvernement australien avait demandé, en 2008, des propositions visant à autoriser les personnels féminins à se battre en combat direct.

Photo : femme pilote d’hélicoptère (c) Australian Defense Forces

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