Le Lashkar-e-Taïba suit les pas d’al-Qaïda

Le 27 janvier dernier, Raymond Davis, présenté comme étant un consultant au consulat américain de Lahore, au Pakistan, était arrêté par la police locale pour avoir tué deux jeunes pakistanais, dans le quartier de Mozang.

En fait, ce ressortissant américain, qui a finalement été libéré quelques semaines plus tard et une compensation de 2,4 millions de dollars versées aux familles des victimes, n’était pas un consultant mais un employé de la CIA chargé de recueillir des renseignements sur le Lashkar-e-Taïba, une organisation terroriste pakistanaise fortement suspectée d’avoir organisaé les attentats de Bombay de novembre 2008.

Il se trouve que le Lashkar-e-Taïba inquiète à Washington. Lors d’une visite à Islamabad, en juillet 2010, l’amiral Mike Muellen, le chef d’état-major de l’armée américaine, avait déclaré que ce mouvement représentait une « menace mondiale ».

Initialement, le Lashkar-e-Taïba (« l’armée de pieux ») a été créé avec l’aide des autorités pakistanaises pour damer le pion de l’armée soviétique en Afghanistan, dans les années 1980. Par la suite, l’organisation s’est tournée vers le Cachemire, région convoitée par Islamabad mais contrôlée par New Delhi, et a entretenu des relations avec al-Qaïda.

Mais, d’après des responsables américains dont les propos ont été rapportés par le New York Times en mars dernier, le Lashkar-e-Taïba a élargi ses objectifs et viserait désormais les Etats-Unis, l’Europe et l’Asie du Sud-Est. L’on sait déjà qu’il dispose de militants en Afghanistan, où ils mènent des attaques contre les troupes de l’Otan, voire contre des objectifs indiens.

L’information du quotidien new yorkais a été récemment confirmée par l’agence Associated Press, qui a pu consulter des documents judiciaires américains ainsi qu’un dossier du gouvernement indien concernant l’attentat de Bombay.

Ainsi, le Lashkar-e-Taïba aurait bel et bien des agents à l’extérieur des frontières pakistanaises et les rapports consultés par AP indiquerait que le mouvement serait bientôt en mesure de « rivaliser avec al-Qaïda sur le plan de la puissance et de l’organisation ».

Toujours d’après l’agence de presse, qui cite des représentants des services de renseignement français et britanniques, le Lashkar-e-Taïba a déjà préparé des actions en Australie et serait devenu l’une des « principales source d’inspiration pour les musulmans radicaux vivant en Occident ».

Pour Christine Fair, professeur de l’Université de Georgetown et spécialiste du Pakistan, le Lashkar-e-Taïba aurait mis en place un réseau en Asie afin de recruter et de former des militants.

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