Côte d’Ivoire : Fin de règne imminente pour Laurent Gbagbo

Quatre mois après l’élection présidentielle ivoirienne, les combats font rage à Abidjan entre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) fidèles à Alassane Ouattara, dont la victoire dans les urnes a été reconnue par la communauté internationale, et les troupes restées loyales à Laurent Gbagbo, le président sortant qui a, jusqu’à présent, refusé de céder le pouvoir à son rival.

Après une progression éclair, commencée lundi dernier, les FRCI ont engagé la bataille dans la capitale économique ivoirienne pour s’emparer des derniers bastions tenus par Laurent Gbagbo. Des combats à l’arme lourde ont lieu dans le périmètre du palais présidentiel, défendu par des membres de la Garde républicaine, une unité d’élite restée fidèle au président sortant.

Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, avait préalablement lancé un ultimatum à Laurent Gbagbo, lui laissant jusqu’à 19 heures, hier, pour démissionner et se rendre pour « éviter un bain de sang ».

Désormais, le président sortant paraît bien isolé. Selon le chef de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), il aurait été lâché par la police et la gendarmerie. « Les 50.000 policiers et gendarmes armées ont tous quitté Gbagbo. Il n’y a que les forces spéciales de la Garde républicaine et les Cecos (commando) qui restent » a déclaré Choi Young-jin sur les ondes de France Info. Ces éléments ont pris position au palais présidentiel et la résidence de Laurent Gbagbo. Par ailleurs, le général Philippe Mangou, le chef des forces armées ivoiriennes, a fait défection et trouvé refuge à l’ambassade d’Afrique du Sud à Abidjan.

Quant aux militaires français de la Force Licorne, ils ont renforcé leur surveillance dans certains quartiers de la capitale économique ivoiruenne. Quatre patrouilles ont été menées avec des véhicules blindés dans la zone 4 (sud) et le quartier des Deux-Plateaux. Il s’agit d’éviter que « des groupes crapuleux essaient de profiter de la situation, du vide sécuritaire qui se créé », a expliqué le colonel Thierry Burkhard, le porte-parole de l’Etat-major des armées. « Personne n’a tiré sur les soldats français, qui n’ont pas non plus ouvert le feu » a-t-il encore ajouté, en précisant que « les ressortissants français ne sont pas spécialement visés ».

Quoi qu’il en soit, les évènements se sont accélérés en Côte d’Ivoire. Et cela n’est pas le fruit du hasard puisque cette offensive des FRCI a été minutieusement préparée depuis des semaines, avec le concours du Nigéria, du Burkina Faso et voire même de la France et des Etats-Unis. En effet, selon les propos tenus au Figaro par Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique et ancien directeur de La Lettre du continent, « il est vraisemblable que des conseillers militaires français et américains aient participé à la conception de cette opération, laquelle répond à l’évidence à un ordre de marche très précis ».

Les succès rapides enregistrés par les FRCI s’expliquent aussi par l’efficacité des sanctions économiques visant Laurent Gbagbo. Ce dernier a semblé ne plus être en mesure de payer les salaires des fonctionnaires et les soldes des militaires qui, jusque-là, lui étaient restés loyaux. Ces derniers n’avaient donc plus intérêt à soutenir un président déconsidéré par la communauté internationale.

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