Libye : Une zone d’exclusion aérienne ne suffira pas

Alors que les forces régulières libyennes s’apprêtent à lancer l’assaut contre la ville de Benghazi, foyer de l’insurrection contre le régime du colonel Kadhafi, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer, ce 17 mars à 22h00 (heure de Paris), sur l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne (NFZ, no fly zone) au-dessus de la Libye. Voire même plus, sans aller toutefois jusqu’à une intervention militaire terrestre.

Cette mesure, soutenue par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, pourrait être adoptée si la Russie et la Chine n’y mettent pas leur veto. L’imminence de l’attaque de Benghazi laisse présager des exactions contre les rebelles. L’ambassadeur libyen adjoint auprès de l’ONU, qui a fait défection, a mis l’accent sur l’urgence de la situation et la nécessité d’un feu vert du Conseil de sécurité sous peine de « voir un vrai génocide ».

Un correspondant du site Streetpress.com, Mohammed Nabbous, dont les propos ont été repris par Rue89, a affirmé qu’à « Ajdabiya (ndlr, reprise le 16 mars), les forces de Kadhafi bombardent et tuent tout le monde sur chemin » et que « tous ceux qu’il connaît là-bas sont morts aujourd’hui ».

Depuis la semaine dernière, le colonel Kadhafi a mené une contre-offensive pour le moment victorieuse et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Aussi, à la question de savoir si la situation peut encore être renversée sur le terrain en cas de vote favorable à l’ONU, qui a été posée par le sénateur américain John McCain, partisan d’une action musclée contre le dictateur libyen, le chef d’état-major de l’US Air Force, le général Norton Schwartz, a répondu clairement : « une zone d’exclusion aérienne ne suffirait pas ».

« La question est : la zone d’exclusion aérienne est-elle la dernière étape ou la première » d’une intervention plus large, a poursuivi le militaire. Et l’on pourrait même ajouter qu’il est trop tard, d’autant plus que la mise en place de ce dispositif visant à interdire à l’aviation de Kadhafi de décoller « prendrait au moins une semaine », selon l’officier.

Cela étant, le général Schwartz a estimé que si le président Obama ordonnait à l’aviation américaine de mettre en place une NFZ, « cela aurait manifestement une influence sur la façon de penser des pilotes libyens », c’est à dire qu’ils serait dissuadés de décoller.

Si l’instauration d’une NFZ ne suffit plus désormais, seules des frappes aériennes contre les troupes du colonel Kadhafi pourraient freiner leur avancée vers Benghazi. Mais là, il s’agit d’une autre histoire.

En attendant, le colonel Kadhafi se sent pousser des ailes. « Toute opération militaire étrangère contre la Libye va exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger » a fait savoir un porte-parole du ministère libyen de la Défense. « Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d’une contre-offensive libyenne » a-t-il ajouté. Et de prévenir : « le bassin méditerranéen sera exposé à un grave danger non seulement à court terme mais aussi à long terme ».

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