U2 en mission au Japon

Suite au séisme de magnitude 8,9 sur l’échelle de Richter et au raz-de-marée qui ont dévasté le nord du Japon, le 11 mars, les Etats-Unis ont mobilisé des moyens militaires pour venir en aide à leur allié nippon.

Ainsi, 8 navires de l’US Navy, dont le porte-avions Ronald Reagan, ont été mobilisés ce 14 mars pour prendre part aux opérations de secours et cinq autres bâtiments sont en route pour renforcer ce dispositif. Cela n’est pas sans risque car 17 membres d’équipage d’hélicoptères ont été « faiblement » exposés aux émanations radioactives provenant de la central de Fukushima Dai-Ichi, aux prises avec un incident nucléaire inédit causé par la conjonction du tremblement de terre et du tsunami.

Une partie des 38.000 militaires américains basés à Okinawa a été déployée dans la zone sinistrée, afin d’épauler leurs homologues japonais dans les opérations de secours. Au total, ce sont 40% des effectifs des forces d’autodéfense japonaises – soit 100.000 soldats – qui sont mobilisés pour venir en aide aux populations touchées.

Pour évaluer l’étendue des dégâts et faciliter les opérations de recherche, l’armée américaine a également mobilisé des drones RQ-4 Global Hawk du 3ème détachement du 9th Operations Group, actuellement stationné sur l’île de Guam, ainsi qu’un avion espion U2 du 5th Reconnaissance Squadron, lequel a décollé de la base d’Osan, en Corée du Sud.

Le choix de ce vététan de la guerre froide permet d’avoir une vision synoptique, c’est à dire une vue générale de la situation, grâce à ses caméras haute-résolution et autres capteurs embarqués. Après sa mission de reconnaissance, les pellicules sont ensuite envoyées à la base de Beale, en Californie, pour y être analysées.

« La large collection synoptique d’une grande partie des terres et du littoral est d’une grande utilité pour les décideurs » a ainsi déclaré le lieutenant-colonel Thomas Spencer, sur le site de l’US Air Force. « Cela les aidera à déterminer l’étendue des dégâts que le séisme et le tsunami ont laissé » a-t-il ajouté.

Un vol à bord d’un U2 n’est pas une mince affaire. Il faut au moins 12 heures de planification et de préparation pour élaborer le plan de vol et rendre l’avion disponible. A cela s’ajoute le temps nécessaire pour que le pilote de l’appareil se mette en condition. Etant donné qu’il va évoluer à des altitudes élevées, de l’ordre de 70.000 pieds, il doit revêtir une combinaison pressurisée, à l’image de celle portée par les astronautes.

Les premiers U2 ont été mis en service au sein de l’US Air Force à la fin des années 1950 afin d’espionner l’arsenal nucléaire soviétique à l’époque. Et ses débuts furent plutôt manqués étant donné que l’armée Rouge captura Gary Powers, qui avait été chargé par la CIA de survoler les villes de Sverdlosk et Plesetsk, après avoir abattu son avion. Le pilote américain avait ensuite été « échangé » contre un espion du KGB, quelques mois plus tard. Et le groupe irlandais U2 a choisi de s’appeler ainsi grâce à cet épisode de la guerre froide.

Mais cet avion a eu l’occasion de redorer son blason en permettant la découverte des missiles soviétiques déployés à Cuba, en 1962 et réalisant plus de 260 missions lors de la guerre du Golfe de 1991. Et alors que la guerre froide est désormais terminée, le U2 a continué de rendre d’éminents services, au point que sa mise en retraite, programmée en 2006, a été repoussée jusqu’en 2013.

Actuellement, les U2 sont sollicités en Afghanistan. Grâce à leurs exceptionnelles capacités optiques et autres capteurs, ils peuvent détecter les engins explosifs improvisés ont été cachés, tout simplement en repérant les endroits où la terre a été fraîchement remuée. Lors de l’offensive anglo-américaine contre les bastions taliban de Marjah et Nad-e-Ali, dans le sud afghan, en février 2010, ils ont permis, selon le New York Times, de mettre au jour au moins 150 bombes artisanales.

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