Les insurgés afghans reponsables de la majorité des pertes civiles

Un rapport publié la semaine passé par la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a établi que, en 2010, 75% des 2.777 victimes civiles du conflit afghan sont le fait des insurgés, ce qui représente une hausse de 29% par rapport à l’année précédente.

La province de Kandahar reste la plus dangereuse pour les civils, avec 550 décès enregistrés à cause des violences. Celle du Helmand n’est pas en reste, avec une hausse de 78% des victimes.

Dans ces régions, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) a mené deux offensives majeures pour en déloger les insurgés. Et ces derniers ont intensifié leurs actions par des attentats visant notamment des responsables locaux.

« Les taliban, en assassinant les civils ou en les utilisant comme boucliers humains dans des zones denséiment peuplées, ont non seulement agi de façon illicite : ils sont contribué au bilan dévastateur des pertes civiles » estime le rapport de la MANUA, qui en appelle à l’Otan à faire davantage pour protéger la population afghane.

Pour le magazine Science, qui s’est penché sur cette question sur la foi de statistiques fournies par l’armée américaine, le nombre de victimes civiles est moins important que celui avancé par la MANUA mais il est toutefois en hausse en 2010 avec 1.385 décès constatés contre 1.150 pour 2009.

« L’armée américaine a des règles plus strictes de confirmation des victimes civiles » a expliqué John Bohannon, l’auteur de l’étude publiée par Science. « Par exemple, si on signale des victimes après une frappe aérienne, il faut une confirmation oculaire. L’ONU ne fait pas nécessairement ce genre de vérification, selone ce que j’en ai compris. On ne peut pas en être sûr, cependant, parce que la méthodologie de l’ONU n’est pas publiée. L’important, pour moi, c’est que la tendance décrite par les deux rapports est la même » a-t-il poursuivi.

Et la tendance suit en effet celle décrite par la MANUA : les talibans seraient responsables de 88% des victimes civiles en Afghanistan.

Quoi qu’il en soit, que ce soit les chiffres des Nations unies, que l’on ne peut pas accuser de parti-pris, ou ceux de l’armée américaine, pour le président Karzaï, c’est l’Otan qui est responsable avant tout des victimes civiles du conflit dans son pays. D’où son appel, le 12 mars, devant 500 chefs de tribus réunis à Asadabad, de mettre fin à ses opérations.

« A l’occasion de cette rencontre, je voudrais demander à l’Otan et aux Etats-Unis, avec honneur et humilité, et sans arrogance, de cesser leurs opérations dans notre pays » a ainsi déclaré Hamid Karzaï. « Nous sommes un peuple très tolérant, mais notre tolérance est à bout » a-t-il poursuivi.

Selon lui, la « guerre contre le terrorisme » ne passe pas par l’Afghanistan mais « dans les régions que nous avons montrées du doigt depuis neuf ans et qu’ils (Otan) connaissent eux-mêmes », c’est à dire les zones tribales pakistanaises.

« Nous remercions l’Occident et sommes content de tout ce qu’ils ont fait pour nous » a encore affirmé le président Karzaï. « Nous ne nous plaignons pas si nous sommes tués par des terroristes, mais si nous le sommes par nos alliés, nous avons le droit de nous plaindre. Jusqu’à quand vais-je continuer à aller à des funérailles aux quatre coins de l’Afghanistan? Si les étrangers nous considèrent comme leurs amis, ils ne devraient pas tuer leurs amis » a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que le président Karzaï s’en prend ainsi à l’Otan. Ainsi, lors du sommet de l’Alliance atlantique, à Lisbonne, en novembre dernier, il avait remis cette question sur le tapis en demandant l’arrêt des raids nocturnes dont la fréquence a augmenté depuis l’arrivée du général Petraeus à la tête de l’ISAF. Il s’était alors fait recadrer par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui l’avait invité à se montrer plus coopératif pour assurer le succès de la coalition en Afghanistan.

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