Le directeur du renseignement américain joue Kadhafi gagnant

La France a surpris ses partenaires européens en étant le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition, qui est supposé rassembler l’opposition au régime du colonel Kadhafi, comme étant le « représentant légitime » du peuple libyen.

Prise après une rencontre entre le président Sarkozy et deux représentants de l’opposition libyenne introduits à l’Elysée par le philosophe Bernard-Henri Lévy, cette décision est conforme à la résolution votée par le Parlement européen à une écrasante majorité, laquelle demande Catherine Ashton, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, « d’entamer le processus » menant à une reconnaissance officielle du CNT.

Seulement, Mme Ashton se veut prudente sur ce sujet. Le 9 mars, elle a rencontré deux émissaires du CNT mais a refusé de leur accorder le statut de seule autorité légitime en Libye. Réagissant à la position française, son porte-parole a explique que « normalement, on ne reconnaît pas les gouvernements, on reconnaît les Etats ». « Pour l’instant, nous sommes en train de parler avec tout le monde, tous les partis de l’opposition » a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : « il faut bien sûr savoir aussi avec qui on parle ».

L’Allemagne est sur la même longueur d’onde. De même que les Etats-Unis, qui, selon le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, restent pour le moment « à un processus d’évaluation de ces groupes, le Conseil et d’autres personnes pour savoir quel est leur objectif, qui ils représentent, quelles sont leurs idées et vers ils conduiraient une Libye de l’après-Kadhafi ».

Pendant ce temps, les troupes fidèles au colonel Kadhafi regagnent du terrain face à l’opposition. Ainsi, la ville stratégique pétrolière de Ras Lanouf, située à 650 km de Tripoli, qui était alors le poste le plus avancé des insurgés, a été reprise et les forces loyalistes ont désormais en ligne de mire le bastion de contestation, à savoir Benghazi.

A 40 km à l’ouest de la capitale libyenne, la ville de Zawiyah, qui abrite l’une des principales raffinerie de pétrole du pays, est sous le contrôle des pro-Kadhafi, après, semble-t-il de violents combats.

Aussi, le temps joue en faveur du colonel Kadhafi. C’est, en tout cas, ce qu’a estimé le directeur du renseignement américain, James Clapper, lors d’une audition devant la commission de la Défense du Sénat.

Selon ce responsable, les forces loyalistes sont mieux équipées disposent davantage de ressources logisistiques que celles de l’opposition. « S’agissant des rebelles en Libye, et sur le point de savoir s’ils vont réussir ou pas, je pense franchement qu’ils sont engagés dans une bataille difficile », a-t-il estimé. D’où son pronostic, si l’on ajoute l’expérience des hommes fidèles au colonel Kadhafi : « à long terme, le régime l’emportera ».

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