Soupçons d’activités nucléaires sur trois sites syriens

En septembre 2007, l’aviation israélienne détruisait le site d’al-Khibar, en Syrie, lors d’un raid audacieux. Quelques mois plus tard, l’on apprenait la motivation de cette opération : la cible visée était un réacteur nucléaire secret construit avec l’aide de la Corée du Nord afin de produire du plutonium.

Des analyses d’échantillons prélevés sur le site par une équipe d’inspecteurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) révélèrent des traces de graphite et d’uranium, renforçant ainsi les soupçons sur un programme nucléaire illicite syrien.

Depuis, Damas n’a eu de cesse d’entraver les inspections de l’AIEA sur son territoire tout en démentant les accusations de non-coopération en avançant que les inspecteurs outrepassaient leurs prérogatives en voulant se rendre sur des sites militaires, lesquels sont exclus des accords de garanties nucléaires ratifiés par la Syrie.

En décembre dernier, le directeur de l’AIEA, Yukiya Amano, qui a succédé au contreversé Mohamed el-Baradeï, a laissé planer la menace d’ordonner des « inspections spéciales », lesquelles autorisent les inspecteurs à mener des investigations plus poussées, en ayant accès aux scientifiques et aux plans des installations suspectes. Et si la Syrie s’y oppose une nouvelle fois, elle pourrait faire l’objet de sanctions après le prochain conseil des gouverneurs de l’agence, prévu entre le 7 et 11 mars.

C’est dans ce contexte que le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung a révélé l’existence de trois autres sites susceptibles d’avoir un lien avec le complexe d’al-Khibar. Ces soupçons ont été étayés par l’Institute for Science and International Security (ISIS), un centre de recherche américain, en diffusant des images satellites des trois endroits en question.

Ces clichés, pris en mai 2008, révèlent notamment une activité intense sur le site de Marj as-Sultan, près de Damas, avec la construction de bâtiments susceptibles d’abriter une usine de conversion d’uranium.

« L’état d’avancement de ce site est inconnu. Cependant, il y a lieu de soupçonner que la Syrie a évacué ces bâtiments avant mi-2008 et pris des mesures pour en masquer les activités antérieures » estime le rapport de l’ISIS. « La pose de nouvelles fondations pourrait correpondre à une tentative de masquer les prélèvements environnementaux auxquels les inspecteurs de l’AIEA devaient procéder pour vérifier si de l’uranium était présent lors de leur visite sur ces sites suspects » poursuit le centre de recherche américain.

Photo : Les sites syriens suspects (c) ISIS

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