Rafale : Le Brésil va jouer les prolongations

L’on n’est pas prêt de connaître le nom de l’avion de combat qui sera choisi pour équiper les forces aériennes brésiliennes et les trois postulants à l’appel d’offres lancé par Brasilia, à savoir Dassault Aviation (Rafale), Saab (Gripen NG) ainsi que Boeing (F18 Super Hornet), n’ont pas fini de se tirer dans les pattes pour tenter de faire pencher la balance de leur côté.

En effet, le gouvernement brésilien a annoncé son intention de réduire ses dépenses publiques de 30 milliards de dollars (22 milliards d’euros) en 2011 afin de limiter les tendances inflationnistes. Et ce plan d’économies va évidemment affecter les forces armées brésiliennes.

Parmi les programmes qui pourraient être retardés, il y a celui concernant l’acquisition de sous-marins (Prosub), qui, d’un montant de 8,33 milliards d’euros d’ici à 2024, doit permettre à la marine brésilienne de disposer de 4 Scorpène et d’un sous-marin à propulsion nucléaire.

Quant au projet d’acquérir 36 avions de chasses, il est reporté à des jours meilleurs, au mieux jusqu’en 2012. Selon le quotidien O Estado de Sao Paulo, cette opération est considérée par Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, comme une « incohérence » politique alors que l’heure est à la rigueur budgétaire à Brasilia.

Cette information a été confirmée le 22 février par Nelson Jobim, le ministre brésilien de la Défense à l’occasion d’une visite officielle au Brésil de Michèle Alliot-Marie, le ministre des Affaires étrangères.

« Cette décision ne serait pas prise à court terme, au cours des prochains mois (…) en raison des coupes budgétaires » a indiqué un porte-parole du ministère brésilien de la Défense, à l’issue de la rencontre de Nelson Jobim avec la patronne du Quai d’Orsay. « Mais cela ne veut pas dire que c’est la fin des négociations, le projet se poursuit » a-t-il ajouté avant de préciser qu’il « sera de nouveau étudié dès que la question budgétaire sera réglée »

Le dossier est sur la table de Dilma Rousseff, qui a indiqué son intention de réétudier les offres qui ont été jusqu’à présent faites par les trois concurrents en lice. Alors que certains médias ont avancé que son choix se porterait sur le F18 de Boeing, le porte-parole a assuré que la présidente brésilienne n’a émis « aucune préférence » pour l’un des trois avions en compétition. « Le choix repose sur des éléments stratétégiques » et sur « les transferts de technologies proposés » a-t-il rappelé.

A ce sujet, Dassault Aviation s’est dit prêt à transférer 100% de la technologie de son avion aux Brésiliens. « Et si le Rafale est retenu, nous transférerons toute la technologie pour que le Brésil puisse le vendre à d’autres pays » a déclaré Michèle Alliot-Marie. « Et ça, nous sommes le seul pays à le faire. Aucune autre pays fait ce transfert de technologie » a-t-elle encore insisté.

Il s’agissait ainsi de répondre à la récente offensive de Washington sur ce terrain en faveur du F18. « Le transfert de technologies de l’ampleur de celui qui nous proposons mettrait le Brésil à la hauteur de nos proches alliés » a fait valoir, le 18 février dernier, Frank Mora, le secrétaire adjoint à la Défense pour l’Amérique latine. Et les Etats-Unis seraient prêts à mettre dans la balance l’achat d’une centaine de Super Tucano construits par l’avionneur brésilien Embraer et, à l’instar de la France, une participation au développement du KC-390.

Seulement voilà, la décision de transférer des technologies à un pays tiers dépend, aux Etats-Unis, d’un vote du Congrès, lequel est généralement réticent sur ce genre d’opération alors que ce n’est pas le cas en France où cette question a déjà été tranchée par le président de la République.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]