Pas de renforts français prévus cette année en Afghanistan

La Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) manque d’instructeurs pour former les forces de sécurité afghanes. Tel est le constat d’un rapport interne de l’Otan, obtenu en décembre dernier par le journal canadien The Globe and Mail. L’enjeu est de taille car il s’agit de permettre, d’ici à 2014, le transfert de la responsabilité de la sécurité du pays aux autorités afghanes, conformément à ce qui a été décidé lors du sommet de l’Alliance atlantique à Lisbonne.

Pour atteindre cet objectif, l’Otan prévoit de former 145.000 recrues des forces de sécurité afghanes en deux ans, et de porter ainsi leurs effectifs à 350.000 hommes. Pour cela, il faudrait, selon le rapport, 2.800 formateurs. Or, il en manque encore plusieurs centaines.

Outre ce déficit en instructeurs, il y a également les conditions dans lesquels ils sont déployés en Afghanistan. Les restrictions imposées par certains pays contributeurs, comme par exemple de ne pas opérer dans des zones de combat, compliquent la donne.

A cela s’ajoute, comme le souligne le rapport de l’Otan, le manque de coordination entre les pays formateurs, lesquels ont des méthodes, des techniques et des matériels différents les uns des autres.

Aussi, le sénateur américain John McCain, par ailleurs ancien candidat malheureux à la Maison Blanche en 2008, a indiqué souhaiter une participation française encore plus importante qu’elle ne l’est, à l’occasion de la visite du ministre de la Défense, Alain Juppé, à Washington, les 7 et 8 février derniers.

« Manifestement, nous aimerions avoir plus d’aide avec l’envoi de formateurs – les gendarmes font du très bon boulot avec la police (afghane) mais je ne peux pas dire aux Français ce qu’ils doivent faire » a-t-il ainsi déclaré.

Au sortir d’une entrevue avec Robert Gates, son homologue américain, Alain Juppé a mis les choses au point. « Nous sommes dans une enveloppe globale de 4.000 militaires qui sont sur le terrain et nous n’avons pas l’intention de la dépasser » a-t-il affirmé le 8 février.

« C’est un effort considérable de la part de la France, soutenu depuis longtemps puisque nous sommes en Afghanistan depuis le début » a-t-il poursuivi. Aussi, devant une éventuelle demande de renforts de la part des Etats-Unis, le numéro 2 du gouvernement leur a « clairement indiqué que nous n’avions pas cette capacité ».

Par ailleurs, Alain Juppé a confirmé le redéploiement du dispositif français dès cette année, avec le retrait de troupes en Surobi une fois que la sécurité du district relèvera de la réponsabilité afghane et leur mouvement vers la province de Kapisa.

« Nous nous retirons du territoire que nous pensé avoir sécurisé – la Surobi – si les autorités afghanes le décident ainsi, et nous redéployons notre dispositif sur la région voisine où il y a encore du travail de sécurisation à faire, en Kapisa » a-t-il indiqué.

Cela étant, ce mouvement est déjà amorcé, avec par exemple l’opération Storm Lightning I, lancée le 29 janvier dans la vallée de Bedraou, au sud de Tagab, qui mobilise à la fois les militaires français des GTIA Richelieu (Surobi) et Allobroges (Kapisa).

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