Le mouvement taleb afghan et al-Qaïda ne seraient plus alliés

L’on peut partager la même idéologie avec un autre mouvement sans pour autant s’allier avec lui. Tout simplement parce que les buts poursuvis ne sont pas les mêmes ou bien encore car l’un peut reprocher à l’autre de suivre une voie moins orthodoxe que la sienne (et inversement).

Depuis quelques années, des rumeurs font état d’une brouille entre le mouvement taleb afghan dirigé par le mollah Omar et les dirigeants d’al-Qaïda. L’agence de presse afghane Bakhtar avait publié, en octobre 2008, une dépêche allant dans ce sens, en citant un communiqué diffusé par l’organisation créée par Oussama ben Laden, lequel condamnait le guide suprême des taliban d’avoir pris ses distances avec la « voie du djihad » en tentant d’établir des relations avec l’Iran chiite.

Pour deux universitaires américains spécialistes de l’Afghanistan, Alex Strick van Linschoten et Felix Kuehn, qui viennent de publier une étude sur le sujet, il semblerait que ces rumeurs soient bel et bien fondées. En effet, selon eux, les dirigeants taliban et d’al-Qaïda auraient déjà eu du mal à s’entendre avant les attentats du 11 septembre 2001 car ils ne partageaient pas les mêmes buts.

Ainsi, l’appel de ben Laden à mener le djihad international se serait heurté à la volonté du mollah Omar de faire profil bas afin d’obtenir la reconnaissance internationale de son gouvernement. Et depuis, leurs relations se seraient encore dégradées.

Aussi, pour ces deux chercheurs, il est possible d’arriver à convaincre les taliban afghans de rompre tout lien avec al-Qaïda et qu’il est nécessaire d’entamer des négociations avec eux, parallèlement aux opérations militaires menées par l’Otan contre les insurgés, afin d’arriver à un accord politique indispensable, faute de quoi, le conflit risque de s’intensifier.

Cela étant, même s’ils se disent favorables à la poursuite des initiatives militaires sur le terrain, les auteurs du rapport mettent en garde contre leur intensification. En effet, d’après eux, le fait de neutraliser systématiquement les commandants taliban a pour conséquence leur remplacement par des responsables à la fois plus jeunes, radicaux et perméables aux intérêts d’al-Qaïda, ce qui , à terme, pourrait conduire à la perte du contrôle du mouvement taleb par les plus anciens. Or, si un accord politique doit être trouvé, ce devrait être uniquement avec ces derniers.

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