Offensive diplomatique de la Corée du Nord

Après avoir révélé l’existence d’une importante usine d’enrichissement d’uranium et bombardé l’île sud-coréenne de Yeonpeyong, en novembre dernier, Pyongyang semble avoir adopté un ton nettement plus conciliant ces derniers jours.

La Corée du Nord, qui n’a, pour le moment, pas renoncé à son programme nucléaire militaire, a accepté la proposition faite le 4 janvier dernier par le Japon d’ouvrir un dialogue, sans attendre la reprise éventuelle des négociations multilatérales impliquant également la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Actuellement, Tokyo n’a pas de relations diplomatiques avec Pyongyang en raison de plusieurs contentieux entre les deux capitales, dont celui portant sur l’enlèvement de citoyens japonais par les services de renseignement nord-coréens.

Mais surtout, c’est à l’égard de Séoul que le régime communiste a multiplié les appels à la négociation au cours de ces dernières semaines, lesquels ont été reçus froidement par les responsables sud-coréens, qui estiment que la Corée du Nord doit d’abord donner des signes de bonne volonté et de sérieux au sujet de l’arrêt de son programme nucléaire et reconnaître sa responsabilité dans le torpillage de la corvette Cheonan en mars 2010 et du bombardement de Yeonpeyong.

Toutefois, la Corée du Sud a fini par assouplir sa position, le 20 janvier, en acceptant la proposition nord-coréenne de commencer des pourparlers militaires « à un haut niveau » afin d’aborder « des questions militaires en suspens ». Mais le régime de Pyongyang n’est pas pour autant exonéré de toute reconnaissance de sa responsabilité dans les agressions commises l’an passé.

Pour autant, signes de détente ou pas, la Corée du Sud maintient sa vigilance à l’égard de son voisin, d’autant plus que des signes avant-coureurs d’un troisième essai nucléaire ont été détectés.

Aussi, pour éviter une nouvelle provocation, Séoul mise sur la dissuasion. Il est ainsi question d’allonger la portée des missiles en dotation dans ses arsenaux, en coopération avec les Etats-Unis, qui craignent aussi d’être atteints par un engin balistique intercontinental nord-coréen d’ici à 5 ans, d’après les récentes déclarations de Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense.

« Les deux pays sont d’accord pour dire que la portée de nos missiles doit être étendue » a ainsi déclaré une source gouvernementale sud-coréen à l’agence Yonhap. « Il est nécessaire d’en étendre la portée à 1.000 km ou plus » a-t-elle ajouté.

Cela étant, la solution aux problèmes de la péninsule coréenne passe par la Chine, l’alliée traditionnelle de la Corée du Nord. La semaine passée, la presse sud-coréenne a fait état d’un projet – démenti depuis par Pékin – prévoyant de déployer des forces chinoises en territoire nord-coréen, plus précisément à Rason, une ville située près de la frontière russe.

Aussi, à l’occasion de la visite officielle du président chinois, Hu Jintao, à Washington, Barack Obama a mis la pression sur son homologue en l’avertissant que les Etats-Unis renforceraient leurs moyens militaires en Asie si jamais la Chine n’arrivait pas à convaincre Pyongyang de cesser ses provocations et de faire preuve de retenue. Visiblement, selon le New York Times, le locataire de la Maison Blanche aurait obtenu gain de cause, ce qui n’a pas été le cas pour l’appréciation du Yuan, la monnaie chinoise, dont la sous-évaluation met à mal les exportations américaines mais aussi européennes.

Reste que, si l’on en croit le même quotidien, le président chinois serait en position de faiblesse dans son pays, étant donné qu’il doit passer la main en 2013 et que le nom de son successeur pourrait être celui de Xi Jinping, le vice-président de la commission militaire centrale. De retour d’un voyage en Chine, Robert Gates avait évoqué une « déconnexion » entre les responsables militaires et civils chinois. Aussi, il est à craindre que les promesses faites par Hu Jitao au président Obama au sujet de la Corée du Nord restent lettre morte.

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