Le mollah Omar, malade, serait pris en charge par les services secrets pakistanais

Les soupçons de collusion entre l’Inter-Intelligence Service (ISI), c’est à dire les services secrets pakistanais, et le mouvement taleb afghan ne sont pas nouveau. Ces liens ont notamment été confirmés par une récente étude de la London School of Economics (LSE), réalisée sur la base de témoignages de responsables talibans.

« Même s’ils bénéficient d’un fort soutien interne, selon les commandants taliban, l’ISI orchestre, soutient et influence énormément le mouvement » a ainsi écrit le chercheur Matt Waldman, l’auteur de ce rapport, qui précise par ailleurs que les services pakistanais offrent également leur assistance au réseau Haqqani, très actif dans l’Est de l’Afghanistan.

Alors que, au nom de la lutte contre le terrorisme, Islamabad a reçu des milliards de dollars de la part de Washington – dont une partie a été détournée pour moderniser l’arsenal nucléaire pakistanais – le Pakistan continue de jouer son propre jeu face à son rival de toujours, à savoir l’Inde.

Depuis 2001, New Delhi a investi près d’un milliard de dollars pour la recontruction de l’Afghanistan et a accordé à Kaboul une aide financière d’un montant comparable. Pour l’armée pakistanaise, le territoire afghan a une importance capitale car, dans le cas d’un conflit avec l’Inde, il pourrait lui donner de la « profondeur stratégique ». Entre autres considérations, c’est ce qui explique le soutien du Pakistan au mouvement dirigé par le mollah Omar à partir des années 1990 et aussi le torpillage d’éventuelles négociations entre les autorités de Kaboul et certains insurgés, auxquelles Islamabad ne seraient pas partie prenante.

L’arrestation, en janvier 2010, à Karachi, du mollah Baradar, alors numéro deux du mollah Omar, le guide suprême des taliban afghans, est à ce titre très parlante. Au début, cette capture a été présentée comme étant un signe de bonne foi de la part du Pakistan à l’égard des Etats-Unis. Mais à y regarder de plus près, la réalité est toute autre.

En effet, appartenant à la même tribu pachtoune des Poplazai du président Karzai, le mollah Baradar aurait été favorable à l’ouverture de discussions visant à mettre un terme à l’insurrection en Afghanistan. Cette approche est d’ailleurs vue d’un bon oeil à Washington. Reste que son arrestation, suivie de celle d’une vingtaine d’autres taliban qui lui étaient proches, a mis fin à toute négociation.

Un autre indice de la collusion entre les services pakistanais et le mouvement du mollah Omar a été révélé par le Washington Post, qui s’est appuyé sur un rapport établi par le groupe privé Eclipse, qui, animé par d’anciens militaires, est spécialisé dans le renseignement.

Ainsi, selon cet organisme, le mollah Omar aurait été victime d’une attaque cardiaque le 7 janvier dernier et il serait fait poser une prothèse vasculaire à l’hôpital de Karachi. « Après trois, quatre jours de traitement post-opératoire à l’hôpital, il a été remis à l’ISI » a ainsi indiqué le groupe Eclipse, citant un médecin de l’établissement médical. Le chef des taliban afghans serait actuellement logé dans une « maison d’hôtes » appartenant aux services pakistanais afin d’y passer sa convalescence.

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