Il y a 20 ans, l’opération Tempête du Désert était lancée

En août 1990, pour remplir ses caisses vidées par la longue guerre livrée contre l’Iran, l’Irak envahit le Koweït et suscite ainsi la réprobation de la communauté internationale. Très vite, une coalition militaire, dirigée par les Etats-Unis et au sein de laquelle figurent des pays arabes, se met en place et se déploie principalement en Arabie Saoudite. La France n’est pas en reste puisqu’elle envoie dans cette région la division Daguet, spécialement créée pour la circonstance.

Le vote de la résolution 678 par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 29 novembre 1990, autorise le recours éventuel à la force pour chasser les forces irakiennes du Koweït et fixe au régime de Saddam Hussein un ultimatum devant arriver à échéance le 15 janvier 1991.

Les ultimes tractations diplomatiques ayant échoué, l’opération Tempête du Désert (Desert Storm) est lancée le 17 janvier à minuit pile, avec une vaste offensive aérienne qui va durer une quarantaine de jours afin de détruire l’ensemble des sites stratégiques irakiens.

Les aviateurs français son mobilisés dès les premières heures. A 5H30 du matin, 12 Jaguar des 7ème et 11ème Escadres de chasse décollent d’Al Ahsa, en Arabie Saoudite. Leur objectif est de détruire des dépôts de missiles SCUD ainsi que des dispositifs de défense sol-air de la base Al Jaber, située au centre du Koweït.

Pour cette mission, les Jaguar français sont précédés par 4 F-4G « Wilde Weasel » et épaulés par des F16 américains. Ils emportent avec eux des bombes de 250 kg, des bombes lance-grenades anti-piste de type BLG66 Béluga, un « barax » de contre-mesure électronique, un missile d’auto-défense Magic II et un réservoir pendulaire ventral de 1.200 litres.

Les appareils français vont alors évoluer à très basse altitude et pénétrer au Koweït, qui est alors un territoire ennemi. Au-dessus de l’objectif, ils font face à des tirs nourris d’armes de petit calibre et de canons de 30 mm. Mais cela ne les empêche pas de larguer leurs bombes et de remplir leur mission.

« On voit des flocons exploser partout… On n’a pas le temps d’être surpris ou d’avoir peur » avait confié, à l’époque, le leader de la formation française, au SIRPA Air. « Le problème est de trouver l’objectif… ça défile très vite. Quand il est visualisé, c’est le soulagement. Ensuite, chacun doit traiter le point particulier assigné. Il faut tout larguer dans le même passage, puis dégager aussi vite que possible » avait-il poursuivi.

Cependant, et si les aviateurs français ne déplorent aucune perte, quatre Jaguar ont été touchés à des degrés divers au cours de la mission. Deux d’entre eux sont contraints de se poser à al-Joubaïl pendant que les autres reviennent à leur base. La mission aurait pu être fatale pour l’un des pilotes : après avoir atterri, il s’est en effet rendu compte d’une légère blessure au cuir chevelu, causée par une balle de kalachnikov ayant traversé son casque.

L’armée de l’Air aura engagé dans ce conflit jusqu’à 55 avions de chasse, dont, outre les Jaguar, des Mirage 2000 C/RDI et des Mirage F1 CR, ces derniers, un temps cloués au sol parce que les Irakiens en possédaient, ayant pu prendre l’air neuf jours après le début des opérations. Et il ne faut pas non plus oublier les équipages des 5 C135 FR et des 14 appareils de transport de ce qui s’appelait à l’époque le CoTAM, très sollicités au cours de ce conflit.

Au total, les avions français ont accompli 2.472 sorties aériennes sur zone et 1.387 missions de guerre, sans avoir subi de pertes. La disponibilité des appareils aura été exceptionnelle, avec un taux de 95%.

Cette offensive aérienne massive aura permis, par la suite, de réduire la durée de la phase terrestre de l’opération à 96 heures, étant donné que les forces irakiennes auront été laminées par les 114.000 sorties de l’aviation alliée et cette puissance venue du ciel.

Les troupes terrestres françaises de la Division Daguet, engagées le 24 février 1991 et composées notamment des régiments de l’arme blindée cavalerie (1er Spahis, 1er REC, 4e Dragons, 1er RHP, RICM), de la Légion étrangère, de l’ALAT, de l’artillerie (11e RAMa) et du Génie, feront près de 3.000 prisonniers et mettront en fuite 6 à 7.000 soldats irakiens et détruiront 20 chars T-55 et T-62, 17 blindés légers, 114 camions, 70 mortiers ainsi que 700 tonnes de munitions. Leurs pertes s’établiront à deux militaires du 1er RPIMa tués.

Plus généralement, l’opération Tempête du Désert, et au-delà du changement de la perception de la guerre qu’elle a induit auprès du monde civil – certains commentateurs ayant parlé de « guerre Nintendo », en référence aux jeux vidéos – a eu pour conséquence d’apporter quelques modifications majeures au sein des armées françaises.

En premier lieu, la décision d’abandonner la conscription vient en partie de ce conflit. La nécessité de développer des moyens de commandement, de communication et de renseignement (C3I) s’est fait jour. Cela conduira à la création de la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et du Commandement des Opérations spéciales (COS) pour mener à bien des missions commandos. Enfin, les insuffisances en matière de transport militaire ont pu être relevées. Mais 20 ans après, ce constat est toujours d’actualité.

Plus : Le site de l’amicale des Anciens de l’opération Daguet : www.amicale-daguet.com/

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]