Les pirates somaliens ont adapté leur tactique face aux forces navales internationales

En octobre 2010, des pirates somaliens ont utilisé le supertanker Shambo Dream pour prendre d’assaut le MV Polar, un navire battant pavillon panaméen. Cette méthode, alors inédite, s’est désormais généralisée.

En effet, généralement, les pirates somaliens utilisent un bateau-mère qui reste en retrait pendant que plusieurs autres embarcations rapides se lancent à l’attaque d’une cible.

Mais les forces navales déployées au large de la Somalie, dont Atalante, formée par l’Union européenne et Ocean Shield, armée par l’Otan, ont plusieurs fois déjoué ce type d’assaut en coulant les bateaux-mère des pirates, qui étaient alors de petites embarcations, que l’on pouvait facilement détruire.

Aussi, ces derniers ont été contraint de changer de tactique en utilisant des bateaux capturés lors de précédentes excursions pour lancer de nouvelles attaques. « Les pirates sont plus sophistiqués, ils sont moins nombreux à utiliser des petits speed-boat » a expliqué le contre-amiral néerlandais Michiel Hijmans, le commandant de l’opération Ocean Shield, au cours d’une conférence de presse.

« Nous ne pouvons pas attaquer les bateaux-mère sans une lourde organisation, car la plupart de ces navires ont des otages à bord » a-t-il précisé. Le fait d’utiliser, par exemple, des cargos précédemment capturés en guise de « navire amiral » permet aux pirates d’étendre leur rayon d’action et de maintenir leurs activités criminelles pendant la période de la mousson, peu propice pour les attaques menées par des petites embarcations. En plus, ils bénéficient d’une plate-forme de tir beaucoup plus stable, à hauteur de pont. Le seul point faible de cette méthode est qu’ils sont moins discrets que par le passé.

« Les pirates peuvent opérer en pleine mer pendant de longues périodes, pour autant qu’ils disposent du ravitaillement nécessaire en nourriture, carburants et armements » a encore précisé le contre-amiral Hijmans. « Ils sont chaque jour plus malins (…), ils n’abandonnent pas leur chasse à moins d’être directement menacés ou de ne pas pouvoir aborder. J’ai peur que la guerre contre la piraterie ne soit impossible à gagner tant qu’il n’y a pas un gouvernement stable en Somalie » a-t-il estimé.

Bien évidemment, cela complique la tâche des forces navales, d’autant plus que, comme l’a souligné le contre-amiral Hijmans, la présence à bord de ces bateaux-mère de boucliers humains limite l’usage de la force. En novembre dernier, cela dit, la corvette espagnole Infanta Cristina avait pu déjouer une attaque contre le MV Petra1, menée avec le MV Izumi, un cargo japonais capturé quelques semaines auparavant.

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