Le chef de la Défense belge met en garde contre de nouvelles coupes budgétaires

Quand des grands investisseurs achètent des bons d’Etat, et pour se couvrir en cas de faillite du pays concerné, ils souscrivent une prime d’assurance. Le montant de cette dernière est d’autant plus élevé que le risque est important.

Tous les trois mois, le bureau d’analyse CMA établit un classement de ces primes d’assurance, ce qui lui permet de déterminer les pays qui sont dans une situation financière difficile.

C’est ainsi que la Belgique figure, pour la première fois, dans les 20 pays présentant le risque le plus élevé par rapport à leurs dettes, passant de la 37ème à la 16ème place en un trimestre. C’est donc dire que sa situation financière s’est passablement dégradée. Actuellement, un investisseur doit débourser jusqu’à 250.000 euros pour garantir 10 millions d’euros de bons d’Etats belges, soit pratiquement le double par rapport à septembre 2010.

Dans ces conditions, et si jamais la Belgique est amenée à décider de nouvelles économies, le chef de sa défense (CHOD), le général Charles-Henri Delcour, a préféré prendre les devants.

Depuis 2009, et toujours dans un souci d’économie, les militaires belges sont impliqués dans un vaste plan de restructurations (plan De Crem) qui doit porter leurs effectifs, à terme, à 34.000 hommes. Et pour atteindre cet objectif, ils n’échappent pas aux fermetures de casernes et aux dissolutions d’unités. Aller encore plus loin, ce serait tailler dans le muscle, si ce dernier n’a pas été d’ores et déjà entamé.

Dans un document destiné à un usage interne mais dont la presse belge s’est fait l’écho, le général Delcour rappelle que l’armée belge a subi des coupes budgétaires de l’ordre de 130 millions d’euros en 2010. « Notre budget nous situe à 0,84% du PIB et l’avant dernière-place de l’Otan » affirme le CHOD. L’Alliance atlantique recommande à ses 28 Etats membres de porter leurs dépenses militaires à 2% du PIB.

« Pour ce qui est des effectifs, avec 0,8% de la population active sous les armes, nous sommes sous la moyenne des pays européens partenaires de l’OTAN (1,1%). Après la restructuration, nous serons encore en dessous de nos voisins, de la Norvège, du Danemark et de l’Autriche », indique le général Delcour dans sa note.

S’il ne remet pas en cause le bien-fondé des restructurations en cours, le patron de la Défense belge rappelle la participation de son pays à différentes opérations militaires lors de ces dix dernières années. Mais selon lui, ces missions « ont été réalisées en tirant jusqu’à la corde sur les matériels existants sans vraiment prévoir les remplacements inéluctables ». Et pour les financer, « des économies ont été faites sur l’entraînement et les recrutements, qui sont aussi des domaines où il n’y a plus de gras ».

Le général Delcour, devant ce constat, prévient les responsables de son pays. « Avec un budget de désinvestissement, les coupures porteraient principalement sur le personnel », avance-t-il. « Nous devons donc convaincre nos décideurs politiques de ce que la solution logique, socialement acceptable et crédible au niveau international serait de stabiliser le budget et les structures » ajoute-t-il.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]