Contrat PPT : Renault Trucks menace d’abandonner l’activité défense

La Direction générale de l’armement (DGA) a passé une commande ferme pour 150 camions et 50 dépanneurs auprès du constructeur italien Iveco et son associé français Lohr pour un montant de 160 millions d’euros.

Il s’agit là de la première tranche du programme PPT (Porteur Polyvalent Terrestre), destiné à renouveler la flotte de camions de l’armée de Terre. Au total, cette dernière aura besoin de 2.000 véhicules.

Le ministère de la Défense a justifié le choix de l’ASTRA d’Iveco en avançant que l’offre de la filiale de Fiat était plus avantageuse économiquement. Ce contrat devrait par ailleurs garantir une centaine d’emplois en France, notamment chez Lohr, via sa filiale Soframe, qui assurera l’aménagement des véhicules.

La notification de ce contrat a été retardée par le dépôt d’un recours – rejeté – auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise par Renault Trucks Defense, qui contestait alors son éviction de ce marché, lequel était important pour l’avenir de son plan de charge. Filiale du groupe suédois Volvo, le constructeur dispose de plusieurs usines en France et assure l’emploi de plus de 10.000 salariés.

Mais, visiblement, la pilule est difficile à avaler pour Stefano Chmielewski, le président de Renault Trucks. Fin décembre, il avait déjà poussé un coup de gueule dans les colonnes du quotidien Les Echos, en réaction aux commentaires « mettant en garde contre la tentation d’un protectionnisme contre-productif et malvenu » au sujet du recours déposé par son groupe.

« Renault Trucks emploie 14.000 personnes dans le monde dont 10.000 en France. Un détail qui a visiblement échappé à certains commentateurs qui ont réduit l’entreprise à sa seule division Défense. (…). Renault Trucks est le premier employeur privé sur tous les territoires où il est implanté, une réalité que mesurent bien les élus locaux et qui nous vaut leur soutien sans faille. (…) Nous avions cru, semble-t-il à tort, nous reconnaître dans le « fabriqué en France » que défendait encore récemment le précédent ministre de l’Industrie » avait-il également avancé.

Dernière charge en date de Stefano Chmielewski : l’entretien qu’il a accordé au quotidien Le Progrès. Le président de Renault Trucks se dit « intrigué » par le choix d’Iveco étant donné que les deux premiers appels d’offres portant sur le contrat PPT avaient été annulés « car on était les seuls participants ». Et de profiter de l’occasion pour rappeler que son groupe attend toujours la commande de blindés destinés à la gendarmerie, alors que son offre avait été retenue.

Quant à l’impact de la perte du contrat PPT au profit d’Iveco, le président de Renault Trucks a estimé que 200 à 300 emplois localisés à Limoges et chez ses sous-traitants pourraient être concernés au cours des 8 prochaines années. Et Stefano Chmielewski va même plus loin : « ça peut engender aussi un choix de Renault Trucks de sortir de l’activité Défense si l’Etat français ne veut pas de nous ».

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