Le général Desportes aurait été mis sur écoute téléphonique

Si l’on en croit le dernier numéro du Canard Enchaîné, le général Vincent Desportes, l’ancien commandant du Collège interarmées de défense (CID) et actuellement employé par Panhard, aurait été mis sur écoute téléphonique.

« A l’état-major des armées et au sein des services de renseignement, on n’ignore pas l’intérêt porté par la DCRI (ndlr, Direction centrale du renseignement intérieur) aux conversations et aux relations du général Desportes » écrit l’hebdomadaire.

En fait, l’origine de cette surveillance remonterait à juin 2008, après la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. A l’époque, une tribune signée par des officiers au nom du groupe « Surcouf » et publiée par le Figaro, critique vertement les nouvelles orientations de la politique française en matière de défense.

Pour l’exécutif, cela n’est pas tolérable. Des moyens sont alors mis en oeuvre pour tenter d’identifier les membres de ce collectif appelé Surcouf. La DPSD est mise sur cette affaire, de même que la DCRI. Des ordinateurs portables appartenant à des stagiaires du CID, mais aussi du CHEM, sont même saisis. Il apparaît alors clairement que l’entourage du général Desportes est suspecté d’avoir commis ce coup de plume.

Finalement, cette affaire en est restée là. Bien que le ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, était bien décidé à châtier les coupables, le général Georgelin, alors chef d’état-major des armées, avait refusé l’idée d’une quelconque « chasse aux sorcières ». « Je connais l’histoire de l’institution militaire pour savoir les dégâts qu’ont causé des actions similaires dans le passé » avait-il a déclaré à l’antenne d’Europe1, le 4 juillet 2008.

Mais selon le Canard Enchaîné, la mise sur écoute du général Desportes aurait cette affaire pour origine. Et comme il s’en est expliqué, en octobre dernier, dans les colonnes de l’Express, l’officier est un adepte de la libre parole. « La discipline demeure la force principale des armées. Mais une armée dans laquelle la pensée critique est bannie s’affaiblit » avait-il alors déclaré, en évoquant le général de Gaulle, pour qui il fallait « former des cerveaux et des caractères » et en prenant l’exemple du général américain David Petraeus, qui a mis au point sa stratégie anti-insurrectionnelle « contre l’avis de sa hiérarchie ».

Aussi, deux ans après l’affaire Surcouf, quand le quotidien Le Monde publie une tribune très critique signée par le général Desportes au sujet de la conduite des opérations en Afghanistan et dans laquelle il estime que « c’est une guerre américaine. Quand vous êtes actionnaire à 1%, vous n’avez pas la parole. Il n’y a pas de voix stratégique des alliés », l’officier n’arrange pas ses affaires en haut lieu.

L’on s’en souvient, l’actuel chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, l’avait qualifié « d’irresponsable », tout en lui promettant une sanction. Finalement, l’ancien patron du CID n’écopera que d’une réprimande orale. Pour l’hebdomadaire satirique, il n’était pas question pour l’Elysée de faire du général un « martyr » et d’alimenter un sentiment de « malaise » au sein des armées.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]