La France recommande à ses ressortissants de quitter provisoirement la Côte d’Ivoire

Depuis le second tour de l’élection présidentielle, la situation politique ivoirienne n’a pas changé. Le président sortant, Laurent Gbagbo, fort de l’avis rendu par le Conseil constitutionnel où siègent des hommes qui lui sont proches, revendique une victoire qui revient, selon la Commission électorale indépendante, à son rival, l’ancien Premier ministre Alassane Ouatarra, lequel aurait recueilli 54% des suffrages.

La crise a connu un tournant avec les violences qui ont endeuillé le pays, notamment le 19 décembre, date laquelle un bilan a fait état de 50 tués et de plus de 200 blessés dans des affrontements opposant les deux camps. Pire encore, le haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, a dénoncé des « violations massives des droits de l’homme » et a évoqué des enlèvements de personnalités favorables à Alassane Ouatarra « par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d’éléments des forces de défense et de sécurité ou de milices », ce qui n’est pas sans rappeler les « escadrons de la mort » de 2002.

Et les pressions exercées par la communauté internationale semblent n’avoir aucun effet sur la détermination de Laurent Gbagbo à rester à la tête de l’Etat ivoirien. S’estimant légitime, il a même demandé, le 18 décembre, le départ des forces françaises de l’opération Licorne ainsi que celui des casques bleus de l’ONUCI, en appelant à la défense de la « souveraineté nationale ».

Seulement voilà, le mandat des forces de l’ONUCI a été prolongé de six mois par le Conseil de sécurité des Nations unies et Paris a exclu de retirer ses troupes de Côte d’Ivoire, étant donné que ces dernières ont pour mission principale de soutenir les 10.000 casques bleus en vertu de la résolution 1721 du 1er novembre 2006 et conformément à l’accord de Ouagadougou du 4 mars 2007.

La mission de l’ONUCI s’avère compliquée et dangereuse, comme l’a expliqué au Figaro Alain Leroy, le secrétaire général adjoint de l’ONU, en charge des opérations de maintien de la paix. Les casques bleus ont pris position autour du QG d’Alassane Ouattara pour parer au pire, ce qui leur vaut des appels à des attaques contre eux relayés par la Radio-Télévision ivoirienne (RTI).

Par ailleurs, la relative faiblesse de leurs effectifs ne leur permet de contrôler une métropole aussi vaste qu’Abidjan, qui compte plusieurs millions d’habitants. D’où de l’arrivée de possibles renforts dans les semaines qui viennent. Quant aux militaires du BATLIC, ils ont l’autorisation riposter en cas d’agression mais ils n’interviendront pas. « Ce n’est pas aux soldats français de s’interposer et ils ne le feront pas » a-rappelé Michèle Alliot-Marie, le ministre des Affaires étrangères.

Reste que le climat est délétère. Le personnel de l’ONU a ainsi été victime de brimades et d’intimidations de la part de jeunes militants de Laurent Gbagbo. Le Nigéria a quant à lui fait savoir qu’il allait rapatrier ses diplomates après un acte hostile ayant visé son ambassade.

« Des dispositions sont aussi prises pour évacuer les ressortissants nigérians dans ce pays » a précisé Odein Ajumogobia, le ministre des Affaires étrangères. Cette attaque a sans doute une relation avec le fait que le Nigéria assume actuellement la présidence de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), laquelle a demandé à Laurent Gbagbo de respecter le verdict des urnes.

Quant à la France, et avant le Conseil des ministres de ce 22 décembre, le président Sarkozy a réuni le Premier ministre, François Fillon, Michèle Alliot-Marie, le ministre de la Défense, Alain Juppé, le ministre du Budget, François Baroin et le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, afin d’évoquer le dossier ivoirien.

Et alors que, la veille, François Baroin, avait déclaré que la sécurité des Français dans le pays était « assurée » et serait « garantie », Paris a recommandé à ses 14.000 à 15.000 ressortissants de « quitter provisoirement la Côte d’Ivoire, dans l’attente d’une normalisation de la situation ».

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