La Corée du Sud se prépare à une nouvelle provocation de Pyongyang

En novembre dernier, un scientifique américain, Siegfried Hecker avait relaté sa visite d’une usine nord-coréenne d’enrichissement d’uranium jusque-là inconnue. Le chercheur y avait vu des installations modernes et surtout, plus de 1.000 centrifugeuses. Les motivations qui ont poussé Pyongyang à révéler l’existence de ce site pourraient être liées à la recherche d’un reprise des négociations portant sur son programme nucléaire.

Quoi qu’il en soit, cette usine, dont certains supposent qu’elle a été construite avec l’aide d’un pays étranger, montre à l’évidence que, avec celle du plutonium, la Corée du Nord cherche à disposer de deux filières de production de matériaux fissiles pour son programme d’armement nucléaire.

Et selon les Etats-Unis, les capacités nord-coréens seraient encore plus étendue. Le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley, a ainsi évoqué l’existence d’un autre site d’enrichissement d’uranium, sans en dire toutefois plus.

A moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est quant à lui dit « profondément préoccupé » par les capacités d’enrichissement d’uranium de la Corée du Nord, après un entretien, le 13 décembre, avec Pak Ui-chun, son homologue nord-coréen.

A ces soupçons et inquiétudes s’ajoute la perspective d’un troisième essai nucléaire, après ceux menés en 2006 et en 2009. La presse sud-coréenne a plusieurs évoqué cette éventualité, notamment en avril et octobre de cette année.

Il y a deux mois, le quotidien Chosun Ilbo, s’appuyant sur une source gouvernementale, avait fait état d’une intense activité détectée par les satellites espions américains sur le site de Punggye-ri, là-même où la Corée du Nord avait procédé à ses deux précédents essais nucléaires. Pour autant, le journal avait précisé qu’il fallait encore plusieurs semaines pour que les installations soient prêtes avant un probable nouveau test.

Le 15 décembre, le même quotidien a précisé ses informations concernant le site de Punggye-ri. Toujours en citant des sources appartenant aux services de renseignement, le Chosun Ilbo a indiqué que les nord-coréens y avait creusé un tunnel profond de plus de 500 mètres.

« Si cela continue à ce rythme, le Nord aura creusé une cavité d’un km de profondeur, soit la profondeur requise pour effectuer un essai nucléaire, entre mars et mai de l’an prochain», a estimé un responsable sud-coréen, dont les propos ont été publiés par Chosun Ilbo. Par ailleurs, le journal a également mentionné l’existence d’importants travaux d’excavation sur le complexe nucléaire de Yongbyon, situé au nord de Pyongyang.

Cela étant, les révélations du quotidien ont coïncidé avec l’organisation, en Corée du Sud, du plus important exercice de défense civile depuis 1975. En effet, Séoul redoute davantage, du moins à court terme, une nouvelle provocation de Pyongyang, après le torpillage de la corvette Cheonan en mars, et le bombardement, le mois dernier, de l’île de Yeonpeyong.

L’exercice mené le 15 décembre a consisté à simuler des raids aériens menés par une douzaine d’avions de combat, ainsi qu’un attaque chimique sur la ville frontalière de Paju. La population civile a ainsi été invitée à rejoindre les 25.000 abris publics que compte le pays et des cours sur l’utilisation des masques à gaz ont été donnés.

Enfin, Séoul cherche avant tout à dissuader son voisin de toute nouvelle provocation. D’où les récentes manoeuvres aéronavales conjointes menées avec les Etats-Unis et les exercices d’artillerie à tirs réels prévus sur l’île de Yeonpyeong à partir du 18 décembre. Ces derniers seront supervisés par une vingtaine de militaires du commandement des forces de l’ONU en Corée du Sud.

Par ailleurs, et pendant que le leader nord-coréen, Kim Jung-il, inspectait une unité militaire et déclarait être « très satisfait » que son armée « maintenait la plus haute vigilance contre tout acte d’agression des impérialistes américains et de leurs laquais », le gouvernement sud-coréen a annoncé une importante réorganisation de son appareil de défense, avec la démission de son chef d’état-major et la promotion de 111 officiers.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]