L’imbroglio de la vente du Rafale aux Emirats arabes unis

Décidemment, rien n’est simple pour la vente du Rafale à l’étranger. Le dernier né des avions de combat de Dassault Aviation est en effet en lice aux Emirats arabes unis, lesquels souhaiteraient en acquérir 60 exemplaires pour remplacer leur flotte de Mirage 2000-9. Il en est question depuis maintenant plus de deux ans et le contrat entre Paris et Abu Dhabi n’est toujours pas signé. Mieux encore : les autorités émiraties ont même pris contact avec l’américain Boeing pour avoir des informations sur le F18 Super Hornet.

Plusieurs raisons expliquent la longueur des négociations. Tout d’abord, les autorités des EAU ont exprimé des exigences précises concernant leur futur avion de combat : ils souhaitent en effet que le Rafale soit équipé par des moteurs plus puissants que les M-88 actuels, avec une poussée de 9 tonnes au lieu de 7,5 tonnes, et qu’il dispose d’un radar à antenne active à la place du Thales RBE2 qui équipe les appareils français. A cela s’ajoute la volonté de se doter de missiles air-air longue porté Meteor, qui ne sont pas encore en service au sein de l’armée de l’Air.

Les souhaits des militaires émiratis se comprennent : étant donné que la menace à laquelle ils doivent faire face est celle représentée par l’Iran, ils ont surtout besoin d’un avion de supériorité aérienne, ce qui passe par les modifications qu’ils ont demandées. Seulement, cela a un coût, évalué entre 4 et 5 milliards d’euros en juin dernier. La question de leur prise en charge est donc une épine.

Mais les discussions ont connu des turbulences récemment, à cause de deux éléments, perçus comme des indélicatesses du côté emirati. Tout d’abord, les EAU ont moyennement apprécié le manque de discrétion d’un général français en charge des négociations, qui a donné quelques détails dans la presse qui auraient dû rester confidentiels. Et surtout, un article publié par le Figaro (propriété de Serge Dassault) évoquant l’achat par les Emirats d’équipements de sécurité israéliens a été très mal pris, étant donné que les deux Etats n’ont, officiellement, aucune relation diplomatique.

Et il y aurait un autre élément pour expliquer la difficulté des négociations en cours. Récemment, l’hebdomadaire Air&Cosmos a relaté la réception, dans une annexe du ministère des Affaires étrangères à Paris, d’une délégation émiratie venue évoquer une augmentation de la fréquence des vols des compagnie Emirates et Etihad à destination de la France. Et manifestement, le Quai d’Orsay n’aurait pas mis les petits plats dans les grands pour recevoir les diplomates venus des Emirats et ces derniers en auraient pris ombrage.

Et, il semblerait donc que l’avenir du Rafale aux Emirats soit lié à l’issue de la négociation portant sur l’obtention de droits de trafic supplémentaire à destination de la France en faveur d’Emirates et d’Etihad Airways. C’est du moins ce qu’a confirmé, ce 15 novembre, le quotidien économique La Tribune.

Seulement voilà, les autorités françaises ne sont pas disposées à accorder aux Emirats ce qu’ils demandent en faveur de leurs compagnies aériennes afin de ménager Air France, qui, bien évidemment, n’entend pas que l’on vienne marcher sur ses plate-bandes.

Le même problème s’est récemment posé au Canada. Pour avoir refusé une hausse des fréquences des vol des transporteurs émiratis à destination de son territoire, le gouvernement canadien s’est vu priver l’usage de la base « camp Mirage » qui, située près de Dubaï, occupait une position importante pour les opérations en Afghanistan.

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