Opération antidrogue russo-américaine en Afghanistan

Pour la Russie, la culture de pavot en Afghanistan est un problème à la fois de sécurité nationale et de santé publique. Quelques chiffres : 21% de l’héroïne afghane – soit 70 tonnes par an – est consommée par les toxicomanes russes et, chaque année, 30.000 sont victimes de surdose ou de pathologies liées. Un kilogramme de ce stupéfiant se négocie aux alentours de 50.000 dollars à Moscou et ce trafic a de quoi nourrir bon nombre d’organisations criminelles et mafieuses.

Voilà une des bonnes raisons pour lesquelles la Russie a tout intérêt à faciliter la tâche de l’Otan en Afghanistan, notamment en facilitant le passage de convois logistiques sur son sol ou encore en fournissant à l’armée nationale afghane des hélicoptères.

En attendant que des décisions soient prises dans ce sens, les Etats-Unis et la Russie ont mené, pour la première fois, une opération conjointe de lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan.

Cette mission, qui a eu lieu le 29 octobre dernier, a mobilisé 70 hommes, dont 4 agents du service russe antidrogue, des militaires des forces spéciales américaines et des membres du ministère afghan de l’Intérieur. Elle aura ainsi permis de démanteler, dans la province de Nangarhar (est), près de la frontière pakistanaise, 4 laboratoires de production d’héroïne et de mettre la main sur plus d’une tonne de drogue.

Seulement voilà, le lendemain, le président afghan Hamid Karzaï a condamné cette opération, au motif qu’il ne l’avait pas préalablement autorisée. « Aucune organisation ou institution n’a le droit de mener ce type d’opérations sur notre territoire sans la permission et l’accord du gouvernement afghan » a-t-il fait valoir par voie de communiqué. « L’Afghanistan condamne cette action de l’Otan et rappelle que ces opérations unilatérales sont une violation de la souveraineté de l’Afghanistan et des lois internationales » a-t-il ajouté.

Côté russe, l’on se défend de toute ingérence. Selon le représentant à Kaboul du service russe antidrogue, Alexeï Milovanov, dont les propos ont été rapportés par l’AFP, « il s’agissait d’une opération menée par le ministère afghan de l’Intérieur ». Et d’ajouter : « Nous avons simplement agi en qualité de conseillers, conformément à l’accord entre les gouvernements afghan et russe sur la présence de conseillers pendant une opération antidrogue. »

Cela étant, Viktor Ivanov, le chef du service fédéral de contrôle du trafic de drogue (FSKN), a fait part de son souhait de voir se poursuive ce type collaboration. « Nous avons signé des accords en ce sens avec les Américains à Washington et comptons organiser d’autres opérations antidrogue » a-t-il déclaré, le 1er novembre.

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