La Russie veut limiter la présence militaire de l’Otan en Europe de l’Est

L’heure est à la détente entre la Russie et l’Otan, après des relations compliquées au moment de l’intervention militaire russe en Géorgie. Parmi les autres sujets de friction, il y avait le projet d’élargir l’Alliance atlantique en intégrant d’anciens pays satellites de Moscou et le système de défense antimissile.

Cela étant, les choses changent. Ainsi, au sujet du bouclier antimissile, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a tendu la main à Moscou pour l’inviter à y coopérer. Pour l’instant, la Russie n’a pas refusé et, par la voie de son président, Dmitri Medvedev, elle a même laissé entendre qu’elle pourrait y contribuer.

« Nous évaluons cette idée mais il faut que l’Otan sache elle-même sous quelle forme elle voir la Russie rejoindre ce système, qu’est-ce que ça apportera, de quelle manière un accord peut être conclu et comment nous pourrons aller plus loin » a-t-il déclaré lors de la réunion tripartite France-Allemagne-Russie du 18 octobre à Deauville. L’on en saura sans doute davantage après le sommet de l’Alliance à Lisbonne, les 19 et 20 novembre prochains, auquel le président russe doit participer.

Cependant, ces discussions, qui marquent un réchauffement des relations entre l’Alliance atlantique et Moscou ne doivent pas faire oublier que, pour la Russie, l’Otan reste encore et toujours la première des menace, loin devant le terrorisme, qui continue pourtant à faire régulièrement des victimes au Caucase.

En fait, la nouvelle doctrine militaire russe, publiée au début de cette année, reproche à l’Otan ses efforts pour « mondialiser ses activités en infraction aux lois internationales » et à « rapprocher ses infrastructrues militaires des frontières russes, en s’élargissant » aux Etats qui, autrefois, faisaient partie de la sphère d’influence soviétique.

Ainsi, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, Moscou demanderait à l’Otan de proscrire le déploiement « de forces militaires significatives » dans les Etats qui ont récemment rejoint l’Alliance. « Nous voulons assurer une situation dans laquelle il sera plus facile qu’aujourd’hui de prévoir le niveau d’activités militaires dans les pays qui ont récemment rejoint l’Otan », a-t-il ainsi déclaré, selon le quotidien Kommersant.

Cette demande doit figurer dans un projet d’accord de coopération Otan/Russie qui sera remis en décembre par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Cette exigence viserait surtout à limiter le déploiement de militaires américains en Pologne, où 150 d’entre eux avaient été affectés temporairement en mai dernier pour mettre en oeuvre des batteries antimissiles Patriot pour former leurs homologues polonais à s’en servir… Mais aussi en Roumanie et en Bulgarie où il est question d’y installer des éléments du bouclier antimissile américain, dont le schéma a été revu et corrigé en septembre 2009.

Reste que la notion de « forces militaires significatives » reste vague. « Lavrov propose que nous signions un accord légalement contraignant. Mais il est difficile de dire pour l’instant ce qui pourrait advenir de cet accord », a estimé un responsable de l’Otan dont les propos ont été rapportés par Kommersant. « Les pays ont le droit de se défendre », a-t-il ajouté.

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