Des tribus payées pour combattre al-Qaïda au Yémen

Selon le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abu Bakr al-Qirbi, il y aurait environ 400 militants d’al-Qaïda au Yémen. Et leur activisme s’ajoute à la rébellion Houthiste dans le nord et aux groupes sécessionistes au sud du pays.

Plus précisément, ce sont les combattants d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) qui ont fait du Yémen une base arrière, à partir de laquelle ils peuvent éventuellement frapper l’Arabie saoudite ou préparer des attentats contre des cibles occidentales, comme l’a montré la tentative de faire exploser le vol Amsterdam-Détroit le jour de Noël 2009.

D’ailleurs, le 11 octobre dernier, le chef militaire d’AQPA, Qassem al-Rimi, a annoncé la création de l’armée « Aden-Abyane » pour « défendre la nation et sa religion (…) et libérer ses terres des croisés et de leurs agents apostats ».

Pour les experts américains du contre-terrorisme, le Yémen est en passe de devenir, s’il ne l’est pas déjà, un nouveau sanctuaire pour les jihadistes d’al-Qaïda, avec la mise sur pied de centres d’entraînement et de recrutement.

Et pour avoir fermé les yeux sur l’implantation du groupe terroriste sur son sol – quand elle n’a pas été favorisée pour contrer les mouvements séparatistes d’obédience marxiste – le gouvernement yéménite se retrouve maintenant dans une situation compliquée, avec des attaques régulières dans certaines parties du territoire, notamment dans la province du sud d’Abyane, où des responsables des forces de sécurité sont assassinés.

Aussi, afin de réduire l’influence d’al-Qaïda, Sanaa a décidé d’adopter la tactique qui a permis à l’armée américaine de faire diminuer le niveau de violence en Irak à partir de janvier 2007. En clair, il s’agit d’armer et de payer des tribus pour qu’elles combattent l’organisation terroriste.

Ainsi, dans la province de Shabwa, où se cacheraient de nombreux militants d’al-Qaïda, un opération rassemblant des militaires yéménites et des combattants de la tribu Awalik, une des plus importantes de la région, a été menée le 25 octobre afin de ratisser le secteur.

« Les tribus awalikes nous ont garanti qu’elles sont contre al-Qaïda et qu’elles sont prêtes à l’affronter su certains de ses combattants arrivent dans leurs secteurs » a ainsi affirmé Ali Hassan al-Ahmadi, le gouverneur de la province de Shabwa.

En échange de leur coopération, les combattants tribaux recevraient 50 dollars et 100 cartouches par jour. Cependant, cette tactique risque de rencontrer très vite une limite et transposer un modèle qui a fonctionné en Irak ne veut pas dire pour autant qu’il sera tout aussi efficace pour un autre pays, qui a ses propres spécificités dont il faut prendre compte.

En effet, le problème est que certaines tribus yéménites ont des membres qui appartiennent, ou qui sont proches d’al-Qaïda. Comme par exemple celle Awalikes, qui est constituée par plusieurs composantes, dont une est celle à laquelle appartient Anouar al-Awlaki, l’imam de nationalité américaine recherché par les Etats-Unis pour son rôle dans l’attentat manqué de Noël 2009 et la tuerie de Fort Hood, un mois plus tôt.

Aussi, cette stratégie adoptée par les autorités yéménites pourrait, à terme, se révéler contre-productive car elle est susceptible d’aviver les tensions entre les tribus, lesquelles ont des chances de se transformer en conflit.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]