Les opex ont des conséquences sur les familles des militaires

Le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Elrick Irastorza, tient ce mot de son homologue britannique : « Lorsque nous recrutons des soldats, nous recrutons aussi des familles ». Et le moins que l’on puisse dire est que la vie de ces dernières n’est pas toujours facile.

Ainsi, en 2010, 97.000 militaires de l’armée de Terre auront été concernés soit par un engagement sur un théâtre d’opérations extérieur (31.000 personnels), soit par une mutation, voire les deux à la fois.

Cela a été notamment le cas du 16e Bataillon de Chasseurs, qui a dû envoyer 632 hommes en opex, en affecter 392 à la mission Vigipirate, tout en assurant son transfert de Saarburg (Allemagne) vers Bitche ou encore celui de la 9e brigade légère blindée de marine, qui prépare sa future projection en Afghanistan tout en déménageant de Nantes vers Poitiers.

Ainsi, la famille d’un militaire doit pallier à son absence, tout en se préparant à changer d’environnement, ce qui n’est pas toujours simple, car c’est tout un réseau social qu’il faut reconstruire. D’autant plus qu’il pourra être difficile à l’épouse (ou à l’époux) du soldat de retrouver un emploi dans la nouvelle ville où son mari a été affecté. Pour le cas des opex, et outre la solitude des conjoints, il y a toujours la peur pour ceux qui restent en France de ne pas voir revenir leur proche (13 tués en Afghanistan depuis le début de cette année) ou la crainte qu’ils soient extropiés (82 blessés graves, sur la même période pour la même opex).

Cela étant, une étude préliminaire canadienne a mis en évidence que les enfants de militaires ne sortent pas totalement indemne des opérations extérieures auxquelles leurs parents ont participé. Ainsi, selon Deborah Harrison, professeur de sociologie à l’Université du Nouveau Brunswick et co-auteur de l’étude, les adolescents dont le père souffre d’un syndrome de stress post-traumatique après un déploiement à l’étranger en subissent aussi les effets.

Pour ses travaux, la sociologue s’est intéressée au cas de quatre étudiants d’une école secondaire située près d’une base militaire. Les pères et les beaux-pères de ces adolescents ont tous participé à plusieurs opérations extérieures, que ce soit en Somalie, en Bosnie et en Afghanistan. Trois d’entre eux sont rentrés au pays en souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique. Et selon les résultats préliminaires de l’étude, il s’avère que l’encadrement familial a souffert et que les jeunes ont dû « endosser la responsabilité d’adulte à la maison » et subi « les impacts psychologiques et physiques » de la maladie de leurs parents.

L’équipe d’universitaires compte rendre ses travaux complets et définitifs sur ce sujet d’ici au mois de mars prochain. Quoi qu’il en soit, un thérapeuthe du Phoenix Center à Petawawa, en Ontario, a confirmé l’intuition des chercheurs. Selon Greg Lubimiv, interrogé par la Presse Canadienne, il y aurait en effet de plus en plus d’enfants de militaires qui souffriraient d’un stress ayant un rapport avec celui de leurs parents. Selon lui, les membres de ces familles peuvent passer « au travers d’une série d’émotions conflictuelles, telles que la culpabilité, la colère, la frustration, la peine et la confusion alors qu’ils en viennent à accepter que leur père a été transformé ».

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