Karzaï assouplit son décret concernant les sociétés militaires privées

En août dernier, le président afghan Hamid Karzaï a signé un décret interdisant la présence des sociétés militaires privées (SMP) en Afghanistan, assorti d’un délai de 4 mois pour que ces dernières plient bagages.

Bien évidemment, cette décision a placé la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, devant le fait accompli, alors même qu’elle a besoin des services de ces entreprises de sécurité pour assurer des tâches qui ne relèvent pas des missions de combat.

Bien évidemment, aussi gênante qu’elle soit, l’Otan n’a pu s’opposer à une telle mesure étant donné que sa présence en Aghanistan a pour objectif de soutenir le gouvernement afghan, ainsi que de lui permettre de prendre seul les rênes de sa sécurité.

Au début du mois, une liste de 8 sociétés militaires privées, sur les 52 implantées en Afghanistan, ont ainsi été officiellement interdites. Parmi elles, l’on trouve Xe, anciennement Blackwater, NCL Holdings LLC, Four Horsemen Interational, Compass International ainsi que White Eagle Security Services et Abdul Khaliq Achakzai, ces deux dernières étant aghane.

Puis, finalement, le gouvernement afghan a décidé d’assouplir le décret qu’il avait signé cet été. « Les entreprises qui fournissent une protection aux ambassades, résidences diplomatiques, bases militaires et dépôts peuvent continuer leurs opérations dans ce cadre » a ainsi fait savoir le bureau du président Karzaï, le 17 octobre.

Ainsi, et comme l’explique la même source, les « préoccupations exprimées par les forces de l’Otan et les ambassades étrangères concernant la dissolution des sociétés privées » ont été prises en compte. L’on ignore si les 8 entreprises de sécurité récemment interdites seront de nouveau autorisés à revenir en Afghanistan.

Pour justifier sa décision initiale, le président afghan avait accusé ces SMP d’appartenir à une « mafia économique », attirée par les « contrats de corruption » favorisés par la communauté internationale. Mais des proches du pouvoir afghan ont des liens, parfois étroits, avec quelques entreprises de sécurité qui sont toutes afghanes.

C’est notamment le cas de Watan Risk, qui appartient aux frères Popal, cousins du président Karzaï, d’Asia Security Group, affilié à Hashmat Karzaï, un autre cousin, de NLC Holdings, créée par le fils du ministre afgan de la Défense, Rahim Wardak ou encore Commando Security, dirigée par un seigneur de guerre très proche du gouvernement afghan.

Alors, la question se pose : est-ce que le président afghan n’a pas cherché à favoriser les sociétés militaires privées appartenant à des membres de son clan au détriment des entreprises anglo-saxonnes?

Par ailleurs, et si l’on prend le cas de Watan Risk, il y aurait de quoi s’inquiéter. Cette SMP est en effet soupçonnée par le Pentagone de payer les insurgés pour attaquer les convois de l’Otan, notamment sur l’axe Kaboul-Kandahar, afin de prouver son utilité. Et si l’on consulte son site Internet, l’on s’aperçoit qu’elle entre dans les critères définis par le gouvernement afghan pour continuer ses activités.

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