Défense : Londres a rendu ses arbitrages

Le gouvernement britannique a rendu ses derniers arbitrage en matière de politique de défense, ce 19 octobre. Les ressources budgétaires des forces armées d’outre-Manche vont effectivement diminuer de 8% pour les quatre prochaines années mais leur montant restera à la limite du seuil des 2% du Produit Intérieur Brut (PIB).

Pour atteindre cet objectif, l’armée britannique va changer de format. Ainsi, d’ici à 2013, les forces terrestres vont perdre 7.000 hommes et compteront au final 95.500 soldats. En proportion, l’effort sera plus important pour la Royal Air Force et la Royal Navy, ces deux composantes étant appelées à réduire leurs effectifs de 5.000 militaires chacune. Quant aux employés civils de la défense, leur nombre va baisser de 25.000.

Une des premières conséquences de cette orientation sera le retrait total des troupes britanniques stationnées en Allemagne (20.000 hommes). Il devra être accompli d’ici 2020. Le Premier ministre, David Cameron a fait valoir, en guise d’explication, que son gouvernement « avait hérité d’une armée avec quantité de tanks en Allemagne, mais qui a dû récemment faire face à des bombes artisanales en Afghanistan à bord de Land Rovers mises au point pour le conflit en Irlande du Nord ».

En revanche, le Royaume-Uni maintiendra une présence militaire permanente à Chypre, à Gilbratar et aux Falklands (Malouines). Quant à la capacité de projection, elle sera limitée à 30.000 hommes, alors que l’armée britannique avait déployé 45.000 soldats il y a un peu plus de 7 ans, au début de l’opération Iraqi Freedom.

La dissuasion nucléaire n’est pas abandonnée et reste « l’assurance ultime » du Royaume-Uni mais les nouveaux équipements devront attendre. Ainsi, la décision de remplacer les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) Vanguard a été repoussée à 2016, ce qui signifie qu’ils devront être encore opérationnels d’ici à 2028. Le nombre de têtes nucléaires va passer de 225 à 180 et, par conséquent, le pays n’aura plus besoin que de 160 missiles Trident, contre 180 actuellement.

Dans le détail, la Royal Army perdra 40% de ses chars Challenger 2 et 35% de son artillerie lourde. Et elle comptera 5 brigades multirôles, dont le format reste à préciser. La Royal Air Force sauve presque l’essentiel de ses meubles. Elle pourra compter sur 12 hélicoptères de transport Chinook (sur les 22 espérés) mais devra en revanche se passer de ses avions de surveillance Sentinel et ses C-130 Hercules seront retirés du service 10 ans avant la date prévue, à mesure de l’arrivée de l’A400M et des C-17 Airlifters. Idem pour les Tornado, qui s’effaceront progressivement au profit des Eurofighter Typhoon.

Par ailleurs, les avions Harrier, à décollage/atterissage vertical ou court (STOVL), rejoindront les musées ou le parc à ferraille sans plus attendre. Et le programme d’avion de surveillance maritime Nimrod MRA4 est annulé.

La Royal Navy pourrait apparaître comme la grande gagnante des arbitrages rendus par le gouvernement britannique. Seulement, ce n’est pas si simple. Tout d’abord, le programme des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Astute est maintenu. Mais dans le même temps, elle va perdre 4 frégates (celles de Type 26 et les destroyers type 46 sont conservés) et ses Landing Ship Dock de la classe Bay. Le porte-aéronefs HMS Ark Royal sera retiré immédiatement du service et les HMS Ocean et Illustrious sont susceptibles de connaître le même sort dans un avenir proche.

Quant aux deux porte-avions, ils sont maintenus, ce qui est à moitié surprenant. « Annuler leur construction coûterait presque autant que de les construire et signifierait la fin de la construction navale britannique » avait récemment souligné Liam Fox, le ministre britannique de la Défense. Mais il y aura quelques changements puisqu’au moins l’un des deux devrait être en mesure d’accueillir à leur bord des avions américains et français. En conséquence, le F35 STOVL qui était prévu pour les équiper devrait être abandonné pour la version navalisée du Joint Strike Fighter (F35C).

Cela étant, le HMS Queen Elizabeth, qui devait être livré en 2016, n’emportera pas d’avions britanniques à son bord dans un premier temps mais des.. hélicoptères et il se pourrait qu’il soit mis sous cocon, voire vendu, à l’arrivée du HMS Prince of Wales. Les deux bâtiments auront un système de catapultes modifié par rapport à ce qui avait été prévu à l’origine. Les deux navires coûteront, au minimum, 5 milliards de livres aux contribuables anglais.

Enfin, au milieu de toutes ces baisses, il y a au moins des secteurs qui auront le vent en poupe puisqu’il a été décidé de consacrer 500 millions de livres en faveur d’un programme de cyberdéfense et les budgets alloués aux forces spéciales devraient augmenter significativement.

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