Drones MALE : Vers une collaboration franco-britannique
Lors de son audition devant les députés de la commission Défense de l’Assemblée nationale, le 5 octobre dernier, le ministre de la Défense, Hervé Morin a confirmé les programmes qui allaient être touchés par la contribution des armées à la réduction des déficits publics.
Ainsi, la rénovation des Mirage 2000D et celle des Atlantique 2 de la Marine nationale seront décalées, de même que le programme Scorpion. Le nombre de radars SCCOA4 (Système de commandement et de conduite des opérations aériennes) ainsi que celui des postes de systèmes d’information des armées (SIA) seront réduits et il est possible que deux Falcon 2000 ne soient pas commandés. Pour ce qui est des avions ravitailleurs A330 MRTT, le ministre de la Défense a précisé que « ce besoin » fait « l’objet de négociations avec les Britanniques ».
Mais la question des avions ravitailleurs n’est pas le seul domaine de coopération avec la Grande-Bretagne puisque Hervé Morin a évoqué une initiative commune en matière de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) pour le moyen-terme.
Pour ce qui est du présent, l’on sait qu’il est question pour la France d’acquérir des drones Predator B auprès du constructeur américain General Atomics, quitte à mécontenter les industriels français, voire européens. Ces appareils seront destinés à remplacer dès 2014 les SIDM Harfang, que l’armée de l’Air met actuellement en oeuvre en Afghanistan.
Pourtant, des propositions ont été soumises au ministère de la Défense, notamment par EADS et Dassault Aviation ou encore Safran. Pour ces industriels, l’achat sur étagère de drones américains poserait la question de la « souveraineté », d’autant plus que le marché de ces appareils est appelé à se développer dans les années à venir. En clair, un manque de soutien de l’Etat à la filière française et européenne condamnerait le Vieux Continent à rester dépendant des Etats-Unis, voire d’Israël dans ce domaine.
Le ministre de la Défense a donc mis sur la table les analyses de la Direction générale de l’armement (DGA) sur les offres qui ont été soumises par les industriels du secteur. Ainsi, le porgramme d’EADS, le drone Talarion (Advanced-UAV), demande un délai de réalisation de 8 à 10 ans, avec un coût jugé trop élevé et un risque industriel fort.
Le projet proposé par Dassault Aviation et Thales et basé sur le Heron TP israélien (vous avez dit souveraineté?) pourrait être disponible plus rapidement (de 4 à 5 ans) à un coût certes inférieur à la solution proposée par EADS, mais toujours supérieur à ce que prévoit la Loi de Programmation Militaire (LPM).
D’où la conclusion d’Hervé Morin : « Au vu de ces éléments et sachant que les soldats déployés en OPEX ont un besoin indispensable de drones pour l’observation, il m’est impossible de choisir un système qui ne sera pas opérationnel en temps voulu, pour lequel la coopération n’est pas garantie et pour lequel existe un risque industriel. Il me semble préférable de retenir un système intermédiaire avec en effet un achat sur étagère, tout en cherchant une solution européenne pérenne à moyen terme, permettant à la France et au Royaume-Uni de se situer au meilleur niveau. » Et c’est ce qui explique l’intérêt français pour le Predator B, qui a l’avantage d’être disponible rapidement avec un coût acceptable.
Le projet à dimension européenne évoqué par le ministre est celui porté par BAE Systems et Dassault Aviation, avec le drone Mantis. Le délai de réalisation serait de 7 ans, avec cependant un coût encore inconnu et un « risque industriel fort ».
Le démonstrateur du Mantis, doté d’une tourelle multicapteurs MX-20 Wescam, a effectué son premier vol en octobre 2009. Seulement, les essais sont actuellement arrêtés, faute de financement. Une collaboration avec Dassault Aviation, et probablement Thales, pourrait donc faire repartir ce programme, lancé en 2007 par la Grande-Bretagne.