La production d’opium a chuté de moitié en Afghanistan

La production d’opium avait chuté en 2001, alors que les taliban étaient maîtres de Kaboul. Et quand ces derniers ont été chassés du pouvoir, la culture de pavot est repartie de plus belle à partir de l’année suivante, avant d’atteindre un pic en 2008.

Puis, l’intervention occidental en Afghanistan a eu un effet pervers. En effet, si les « étudiants en religion » punissaient de mort les trafiquants de drogue, ils en ont désormais besoin pour financer leur guérilla contre les troupes de l’Otan en prélevant leur dime sur le trafic d’opium, lequel financerait à hauteur de 15% les groupes insurgés.

Par ailleurs, le mouvement taleb n’est pas le seul à profiter des retombées financières de cette lucrative activité, qui rapporte aux producteurs d’opium au moins 700 millions de dollars par an. Il est estimé que 60% des parlementaires afghans sont liés à des personnes impliquées dans le trafic d’opium.

Le problème de la culture du pavot dépasse les frontières afghanes. Car outre le fait que le trafic d’opiacés finance l’insurrection, la drogue fait aussi des victimes dans les pays occidentaux qui participent militairement à la coalition internationale sous commandement de l’Otan. Ainsi, 300 personnes meurent chaque année, en France, des conséquences de la consommation d’héroïne, laquelle est fabriquée à partir de l’opium.

Cela étant, le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié le 29 septembre dernier, indique que la production d’opium a chuté de près de 50% en Afghanistan par rapport à la dernière estimation, pour atteindre les 3.600 tonnes produites, contre 6.900 tonnes l’an passé.

Seulement, ce n’est pas l’incitation américaine à « développer les cultures vivrières » qui est la raison de cette spectaculaire baisse. Et les champs de pavot n’ont pas non plus été passés au défoliant entre temps, ce qui aurait été un remède pire que le mal quand il s’agit de « gagner les coeurs et les esprits ».

En fait, cette chute de la production d’opium est à mettre au crédit d’un champignon parasite, qui s’est attaqué aux cultures de pavot.

Cependant, cela ne devrait pas faire diminuer les ressources de l’insurrection car, dans le même temps, le prix d’un kilogramme d’opium a grimpé de 164% en 2010 pour atteindre les 169 dollars et la surface cultivée de pavot n’a pas diminué, avec 123.000 hectares, de même que le nombre de familles qui en vivent est resté stable, avec 6% de la population afghane.

Pire même : les terres dédiées à la culture du pavot ont même progressé de 30% dans la province de Kandahar, là où les insurgés sont les plus actifs. Quant à celle du Helmand, qui a été, en février dernier, le théâtre d’une vaste offensive mené conjointement par l’armée nationale afghane et la coalition internationale, elle produit toujours 53% de l’opium afghan.

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