Afghanistan : Des groupes d’insurgés tentés de négocier?

L’un des objectifs poursuivis en Afghanistan par la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, est de décourager les insurgés afin de les amener à négocier avec le gouvernement de Kaboul et à déposer les armes.

A cette fin, un plan de réconciliation a été mis en place et il s’appuit sur un « Haut Conseil de la paix », où siègent une soixantaine de membres, dont des chefs tribaux, des responsables politiques, des vétérans de la guerre contre les Soviétiques et quelques femmes.

Encore faut-il contraindre l’adversaire à négocier. Pour cela, l’Otan a recours aux forces spéciales. Lors des trois derniers mois, leurs opérations ont permis de neutraliser 269 commandants insurgés, tuer 860 combattants et d’en faire prisonniers 2039. Dans un entretien publié par le Figaro, le général David Petraeus, le commandant de la coal

Lors d’un entretien au Figaro, le général David Petraeus, le commandant de l’ISAF (COMISAF) a expliqué la raison de ces opérations menées par les forces spéciales : « lorsque le chef d’un groupe d’insurgés est tué et que, trois jours plus tard, nous parvenons à éliminer celui qui l’a remplacé (…), cela fait réfléchir les candidats potentiels à l’insurrection. Après un tel raid de commando, il nous faut intervenir immédiatement pour assurer que le territoire que contrôlait le groupe ennemi ne redevienne pas un sanctuaire pour l’insurrection. Nous y envoyons alors nos forces conventionnelles avec autant de partenaires afghans que possible. Le but est de réintégrer dans la société afghane les insurgés découragés ».

Est-ce que cette tactique est en train de porter ses fruits? L’on serait tenté de le croire, d’après l’information révélée par le général Petraeus et relayée par l’AFP. En effet, selon l’officier américain, « environ 20 petits groupes ont déjà approché » les troupes de l’Otan et les autorités afghanes. « Ce sont toutes les premières étapes. Je ne pense pas qu’on puisse parler de négociations, il s’agit des toutes premières discussions » a ajouté le COMISAF.

L’insurrection afghane n’est pas un mouvement unitaire. On peut classer les groupes insurgés selon trois affiliations : le Hezb-e-Islami, du seigneur de guerre Gubbuldin Hekmatyar, qui a proposé ses services à al-Qaïda par le passé, le réseau Haqqani, réfugié au Nord-Waziristan, une zone frontalière située au Pakistan et la Choura de Quetta, dirigée par le Mollah Omar, le chef suprême des taliban.

Ces derniers ont vigoureusement démenti les déclarations du général Petraeus, qui, selon eux, seraient « sans fondement ». « Il cherche à se remonter le moral en faisant de fausses déclarations. Pas un seul de nos combattants n’acceptera de négocier avec les envahisseurs étrangers ou leur marionnette » a ainsi fait valoir Zabihullah Mujahid, un porte-parole taleb, contacté par l’AFP. « Nous exigeons un retrait complet et inconditionnel des forces d’invasion de notre pays » a-t-il ajouté.

Cela étant, si des négociations entre les dirigeants taliban et le gouvernement afghan ont lieu, c’est que les services de renseignement pakistanais (ISI) y auront une carte à jouer. La preuve en est avec l’arrestation, au début de cette année, à Karachi, du mollah Abdul Ghani Baradar.

Ce lieutenant du mollah Omar aurait été prêt à dialoguer avec les autorités de Kaboul au moment de sa capture par les services pakistanais. Et selon le New York Times, qui s’est basé sur des sources sécuritaires à Islamabad, la mise au frais de Baradar avait pour objectif de torpiller toute amorce de négociations entre le gouvernement afghan et Baradar.

Car pour Islamabad, il ne s’agit pas de perdre la main en Afghanistan, d’une importance stratégique dans son face-à-face avec New Delhi. Se rendre indispensable à un futur règlement de la question afghane est aussi une manière pour le Pakistan de faire pression sur les Etats-Unis.

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