Bientôt des F16 pour l’armée de l’Air?

Cela fait maintenant des mois que la Belgique traverse une crise politique majeure, avec les pires difficultés pour se doter d’un gouvernement. Sans entrer dans les détails, cette situation est due par plusieurs facteurs, dont les tensions communautaires entre les Wallons (francophones) et les Flamands.

En décembre 2006, la RTBF avait diffusé une fausse émission spéciale intitulée « Bye Bye Belgium », évoquant une partition de la Belgique. Ce qui n’était alors qu’un canular et de la politique fiction pourrait bientôt devenir réalité. Ainsi, les socialistes francophones ont récemment admis cette hypothèse, à la suite d’une énième tentative de former un nouveau gouvernement.

Si la Flandre et la Wallonie devaient divorcer, cela aurait de multiples conséquences. Sur le plan économique, il faudra trouver une solution pour le partage des 330 milliards d’euros de dette publique. Et il se poserait la question de l’avenir de ces provinces devenues indépendantes.

D’où l’hypothèse d’un rattachement de la Wallonie à la France. Cela est encore au stade de la politique fiction mais l’idée commence à faire son chemin. « L’entrée en phase terminale de la crise belge conduit le pays au bord de l’éclatement. La France doit donc se préparer à assumer toutes ses responsabilités envers les francophones de Belgique, en les assurant le cas échéant de son accueil et de sa protection », a estimé, le 6 septembre, le député Nicolas Dupont-Aignan, par voie de communiqué.

« La question du rattachement (à la France) de la Wallonie et de Bruxelles se pose à terme, qu’on le veuille ou non » avait déclaré, en juin dernier, Jacques Myard (UMP). A la même époque, Christian Huttin, à la fois député du Nord et secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), avait affiché pratiquement la même position. « Si l’évaporation de la Belgique va à son terme, il nous faudra mettre en place les dispositifs pour accueillir, au sein de la République, les citoyens de Wallonie, à condition qu’ils le souhaitent et qu’ils rejoignent ainsi le peuple français pour partager avec lui un nouveau destin » avait-il fait valoir. Par ailleurs, selon un sondage IFOP publié par France Soir, deux tiers des Français seraient favorables à un tel rattachement dans le cas d’une implosion de la Belgique.

Encore faudrait-il que les Wallons d’aujourd’hui fassent comme leurs aînés, après la défaite de l’armée autrichienne à Jemmapes, battue par les soldats français du général Dumouriez. Cela étant, l’hypothèse d’un rattachement de la Wallonie à la France aurait des conséquences sur le plan militaire. Ce serait un scénario qui combinerait à la fois celui de la séparation de la République Tchèque et de la Slovaquie, ainsi que la réunification allemande.

Dans le premier cas, l’armée tchécoslovaque a été divisée en fonction de l’importance de la population des deux nouvelles entités. Dans le second, la Bundeswehr a tout simplement absorbé une partie des effectifs de la Nationale Volksarmee (armée populaire de la RDA), à la condition de respecter la Constitution. Quant aux matériels, ils ont été soit mis aux standards Otan pour intégrer l’inventaire de l’armée allemande réunifiée – cela a été le cas des MiG29 -, soit revendus quand ils n’ont pas été purement et simplement réformés.

Actuellement en cours de restructuration, l’armée belge devrait compter, à terme, 35.000 militaires. Si, toujours dans le cas d’une partition, le scénario tchécoslavaque est suivi, le partage de ces effectifs se ferait selon le ratio 60%/40%, la population flamande étant plus importante que celle de Wallonie. En d’autres termes, et si jamais la communauté francophone belge tient à rester indépendante, elle pourrait compter sur une armée d’environ 14.000 soldats. En revanche, si elle désire être rattachée à la France, il est envisageable que ces effectifs soient intégrés à l’armée française.

Selon cette option, cette dernière hériterait des implantations militaires belges situées en Wallonie, à commencer par la base aérienne de Florennes, située dans la province de Namur. Et puis l’on peut imaginer qu’une partie des équipements militaires fera également partie de l’inventaire.

Dans ce cas, il n’y aurait aucun souci pour les Alphajet des forces aériennes belges, déjà déployés à Cazaux, au sein de l’Ecole de Transition Opérationnelle, et des C-130 Hercules. En revanche, et étant donné que les Belges ont 68 avions de combat F16, l’armée de l’Air pourrait en récupérer une partie. Pour en faire quoi? La question ne se pose pas encore.

Du côté de l’armement terreste, l’armée belge met en oeuvre des véhicules de combat d’infanterie de type Mowag Piranha, des ATF Dingo, qui ont sensiblement le même gabarit de l’Aravis de Nexter et a mis sous cocon des chars lourds Leopard. L’avenir de ces véhicules, toujours dans le cas d’un rattachement à la France, resterait incertain. Enfin, étant donné que la Wallonie n’a pas d’accès à la mer, l’on pourrait supposer que les bâtiments de la marine belge restent aux mains d’un éventuel Etat flamand indépendant.

Photo : La bataille de Jemmapes (6 novembre 1792)

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