Une coopération militaire franco-britannique a minima?

La France et la Grande-Bretagne, les deux plus importantes puissances militaires du Vieux Continent, ont engagé des discussions afin de développer leur coopération en matière de défense.

Depuis quelques mois, il est question d’une force de dissuasion conjointe entre les deux pays, ainsi que d’un partage de capacités aéronavales, en assurant, notamment, la permanence à la mer d’au moins un porte-avions.

En fait, aucun de ses deux points risque d’aboutir. Du moins pour le moment. « En ce qui concerne le partage des porte-avions, j’incline à penser que c’est totalement irréaliste » a ainsi déclaré Liam Fox, le ministre britannique de la Défense, au cours d’une conférence de presse tenue ce 3 septembre à Paris en compagnie d’Hervé Morin, son homologue français.

En effet, et en l’état actuel des choses, l’idée d’une mutualisation des moyens aéronavals des deux pays n’est pas possible. La Royal Navy dispose de deux porte-aéronefs n’ayant pas la capacité d’accueillir les avions de la Marine nationale. La tradition britannique en la matière est de privilégier les avions VSTOL (avions à décollage et atterrissage courts ou verticaux) et ses bâtiments (l’Ark Royal et l’Illustrious) ne dispose pas de catapulte et de brins d’arrêt, à la différence du Charles de Gaulle.

Cependant, cela pourrait changer l’avenir si Londres opte pour le F35C en lieu et place du la version VSTOL de cet appareil actuellement développé par Lockheed-Martin outre-Atlantique. Et cette probabilité est d’autant plus forte que le coût d’acquisition de cet avion de combat serait moins élevé. L’on en saura plus quand l’examen des besoins militaires britanniques sera effectué et la Defense Review publiée. Cette étude doit prendre en compte la baisse programmée du budget britannique de la Défense.

Quant à l’idée d’assurer conjointement une permanence à la mer de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), il n’en pas été question, semble-t-il, lors de la conférence de presse des deux ministres.

En fait, les collaborations envisagées entre Paris et Londres doivent surtout permettre de faire réduire les coûts. « Nous souhaitons que notre coopération ait en arrière-plan la capacité de faire des économies budgétaires » a expliqué Hervé Morin. « Il est logique d’examiner les dossiers où nous pouvons partager les actifs plutôt que d’agir séparément », a renchéri Liam Fox. « C’est une approche purement pragmatique », a-t-il ajouté.

« Nous avons évoqué quelques pistes : les A400M (maintien en condition opérationnelle, ndlr), les ravitailleurs (A330 MRTT), éventuellement une coopération sur des moyens navals – mais pas sur le porte-avions, pour que les choses soient claires » a précisé Hervé Morin. Mais pour en savoir plus sur ces projets, il faudra encore attendre.

« Fin octobre, vous aurez des réponses beaucoup plus précises » a encore indiqué le ministre, qui a également invité les industriels français et britanniques à opérer des rapprochements et à nouer des partenariats. « Il faut redéfinir un certain nombre de contours pour que nous n’ayons pas forcément les mêmes centres de recherche des deux côtés du Channel » a-t-il justifié.

Pour être fixé, le mieux sera encore d’attendre quelques jours de plus et le prochain sommet franco-britannique, plus propice à des annonces fortes. « J’ai entendu les déclarations de nos alliés britanniques sur la coopération bilatérale avec la France. Nous en discuterons avec eux sans tabou et nous prendrons des décisions importantes en novembre » a déclaré le président Sarkozy, le 25 août dernier, à l’occasion de la Conférence des ambassadeurs.

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