Encadrement des délinquants : Morin dit non à Royal

Le 31 août dernier, Ségolène Royal avait fait part de son intention de demander au ministre de la Défense, Hervé Morin, l’autorisation d’expérimenter l’encadrement de jeunes délinquants par les militaires dans la région Poitou-Charentes qu’elle préside.

« Le placement (des délinquants) dans des régiments » permettrait « le réapprentissage des droits et des devoirs » avait-elle expliqué sur les ondes de France Inter. L’élue socialiste avait déjà fait cette proposition lors de sa campagne présidentielle en 2007.

La réponse du ministre concerné ne s’est pas faite attendre. Invité par France Info, Hervé Morin a refusé de répondre favorablement à l’ancienne candidate à l’Elysée. « On ne peut pas demander à des militaires professionnels d’aller en Afghanistan et de s’occuper de la délinquance » a-t-il ainsi affirmé.

« Ce n’est pas le boulot des militaires. Une armée, c’est fait pour assurer la sécurité du pays, son indépendance, la défense de ses intérêts, le maintien de la paix, la sécurité du monde » a encore déclaré le ministre.

« Les militaires ne sont pas là pour encadrer la délinquance, il y a d’autres services de l’Etat pour cela. Il ne faut pas mélanger les genres » a-t-il poursuivi. En revanche, Hervé Morin n’est pas contre que « l’on se serve de l’expérience des anciens militaires pour encadrer une jeunesse qui serait en difficulté ».

L’idée d’impliquer les militaires dans la lutte contre la délinquance n’est pas nouvelle. Ainsi, en 1986, l’association « Jeunes en équipe de travail » (JET) avait été créée à l’initiative d’Albin Chalandon, alors ministre de la Justice, et André Giraud, le ministre de la Défense de l’époque.

Il était ainsi question d’organiser des stages « de rupture » d’une durée de 4 mois à l’intention de jeunes délinquants français ou d’origine étrangère, pouvu qu’ils soient en situation régulière. L’encadrement était assuré par des militaires d’active volontaires, ainsi que par 70 bénévoles. Chaque centre de l’association (au nombre de 4) était dirigé par un officier supérieur en retraite.

Un rapport parlementaire, publié en 2003, a fait un bilan contrasté de cette expérience. « Les résultats obtenus montrent la très grande difficulté de réussir à réinsérer ces populations » note le document. Selon l’association, un tiers des délinquants majeurs admis ne terminent pas leur stage, soit parce qu’ils en ont été exclus pour des raisons disciplinaires, soit parce qu’ils ont « fait le mur ». Et deux ans après la fin de la période au sein des structures de JET, 20% sont de nouveau incarcérés et 35 à 45% sont aux abonnés absents.

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