Chaos somalien

La présence de l’Otan en Afghanistan est justifiée par le souci d’éviter que ce pays redevienne une base arrière pour le terrorisme international, comme il l’a été au moment des attentats du 11 septembre 2001. Cependant, d’autres régions du globe peuvent servir de refuge à l’organisation d’Oussama ben Laden, et aux militants qui s’en réclament. A commencer par la Somalie.

Voilà maintenant près de 20 ans que ce pays connaît l’instabilité et la guerre civile. A vrai dire, la Somalie n’a pratiquement jamais connu la paix depuis son indépendance, avec la guerre de l’Ogaden, qui l’a opposé à l’Ethiopie.

Depuis plus d’un an, la Somalie est passée sous la coupe de combattants islamistes qui contestent la légitimité du gouvernement fédéral de transition (TFG, Transitional Federal Government) et la présence de la force de l’Union africaine (Amisom), déployée pour le soutenir. Seul une partie de la capitale, Mogadiscio, serait en fait contrôlée par les autorités somaliennes reconnues par la communauté internationale.

Il faut dire que la Somalie est devenue prioritaire pour Oussama ben Laden et son réseau terroriste. En mars 2009, il avait lancé un appel à renverser le président somalien Sharif Ahmed et considéré que le pays était « la première ligne de défense du sud-ouest du monde islamique ». Ce qui explique la présence accrue de combattants étrangers depuis quelques temps.

Deux groupes islamistes sont actifs : le Hezb al-Islamiya du Cheikh Aweys et les milices Shebab, qui ont fait allégeance à al-Qaïda. Ces dernières – qui détiennent toujours un otage français, dont le sort est rarement évoqué par les médias – sont les plus offensives.

Depuis trois jours, elles ont intensifié leurs actions à Mogadiscio. Ainsi, le 23 août, leurs combattants ont lancé une violente offensive contre le TFG et l’Amisom à Mogadiscio, avec des tirs de mortiers qui ont fait 11 victimes civiles et 53 blessés. Auparavant, le porte-parole des Shebab, Sheikh Ali Mohamoud Rage avait prévenu de l’imminence de leur offensive, qui « se poursuivra jusqu’à ce que la volonté d’Allah soit exaucée ».

Le lendemain, ce sont 31 personnes qui ont été tuées dans l’attentat qui a visé l’hôtel Muna, un établissement situé près du palais présidentiel à Mogadiscio. Là, entre 5 et 8 hommes armés, ayant revêtu des uniformes de l’armée régulière somalienne, ont tiré à vue avant de mettre à feu les explosifs qu’ils portaient sur eux. Six députés et quatre hauts fonctionnaires font partie des victimes.

Au troisième jour de l’offensive, des échanges de tirs d’obus ont duré jusqu’au matin. Au moins six civils ont été tués au cours de ces affrontements. Quant aux résultatx sur le terrain, il sont difficiles à vérifier de manière indépendante.

Un des porte-paroles des Shebab a crié victoire, ce 25 août. « Nos moujahidines sont passés à l’attaque ce matin vers 5h30 et ont pénétré plusieurs positions défensives du gouvernement apostat et des envahisseurs chrétiens qui les soutiennent » a-t-il affirmé. « Grâce à Dieu, nous avons tué beaucoup de leurs soldats et les moudjahidines contrôlent maintenant plusieurs de leurs positions », a-t-il ajouté.

Ce que conteste l’Amisom et les troupes gouvernementales. « Les combats ont repris avec intensité ce matin et les forces du gouvernement ont avancé au-delà des positions ennemis. Ils (les miliciens shebab) ont perdu beaucoup de combattants » ainsi déclaré le colonel Mohamed Adan.

« Nous tenons toujours nos positions. Ni le gouvernement, ni l’Amisom n’ont reculé. Ces types lancent les mauvais messages au mauvais moment, avec des violences en plein ramadan, mais ils ne peuvent pas pénétrer nos positions » a confirmé le major ougandais Ba-Hoku Barigye, de la force de l’Union africaine.

Au total, ce sont 65 personnes qui ont perdu la vie au cours de ces combats. Par ailleurs, les civils sont les principales victimes des miliciens shebab, lesquels s’en prennent également aux actions du Programme alimentaire mondial (PAM), essentielles pour la population.

Ainsi, il y a 4 jours, les militants islamistes ont brûlé des entrepôts du PAM à Mogadiscio ainsi qu’à Beldweyn, une ville située à 400 km plus au nord, et confisqué des tonnes de nourritures et intecepté un convoi d’aide alimentaire dans le centre du pays. Dans le même temps, ils ont menacé toutes personnes travaillant avec l’agence des Nations unies.

« Le PAM veut empoisonner notre peuple mais nous ne laisserons jamais de tels ennemis nuire à la communauté tant que nous serons vivants » a déclaré Cheikh Ali Mohamed Hussein, un responsable des Shebab.

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