Colombie : L’accord militaire passé avec les Etats-Unis retoqué

En juillet 2009, le président équatorien, Rafael Correa, refusait de renouveler le bail de la base de Manta, jusque-là utilisée par l’armée américaine afin de surveiller les activités des narcotrafiquants.

Par conséquent, Washington s’est tourné vers Bogota afin de négocier un accord de défense visant à renforcer le « Plan Colombie », adopté sous la président Clinton et selon lequel une aide militaire a été fournie à l’armée colombienne pour lutter contre la guérilla des FARC et les cartels de la drogue.

Selon le projet d’accord, la Colombie autorisait les Etats-Unis à utiliser 7 bases situées sur son sol, dont 3 terrestres, 2 navales et 2 aériennes, afin de l’aider à combattre le « terrorisme, le narcotrafic et d’autres délits ».

L’annonce de cet accord avait été vivement critiqué par les pays sud-américains, pour la plupart dotés de gouvernement hostiles à la politique menée par Washington. La Bolivie et le Venezuela s’y était même franchement opposés, voyant une menace dans la présence de troupes américaines dans un pays qui leur est géographiquement proche.

Malgré ces protestations, le texte avait été signé le 30 octobre dernier par l’ambassadeur des Etats-Unis, William Brownfield, et le ministre colombien des Affaires étrangères, Jaime Bermudez.

Depuis, l’accord n’a que très partiellement été mis en place, faute de moyens immédiatement disponibles. Ainsi, l’aménagement de la base aérienne de Palanquero, qui intéresse particulièrement l’armée américaine, coûterait 46 millions de dollars. Cela étant, cette somme devrait être prochainement débloquée.

Seulement, il n’est pas encore dit que les travaux puissent commencer. En effet, la Cour constitutionnelle colombienne, saisie par un collectif d’avocats, a estimé, le 17 août, que l’accord de défense conclu avec les Etats-Unis n’est pas conforme à la Constitution.

Sans se prononcer sur le fond du texte, le président de la Cour constitutionnelle, Mauricio Gonzalez, a indiqué que l’accord était « un instrument impliquant de nouvelles obligations pour l’Etat colombien et une prolongation d’obligations antérieures » et que, par conséquent, « il aurait du être géré comme un traité international, c’est à dire soumis à l’approbation du Congrès ».

Le gouvernement colombien, qui a une nouvelle fois mis en avant « l’importance de la coopération avec les Etats-Unis, a fait savoir qu’il « repecte » l’arrêt rendu par les juges. Il reste maintenant à attendre la décision que prendront les parlementaires colombiens au sujet de cet accord.

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